Que reste-t-il des héros de la guerre de 1914-1918 dans les manuels d’histoire ?

Dans les huit manuels d’histoire de première publiés en 2011, Bécassine est le seul exemple d’engagement volontaire dans le premier conflit mondial. Les nombreux autres témoignages de soldats qui se trouvent dans ces livres parlent de leurs souffrances, mais pas de leurs raisons de se battre.

Cela rejoint l’analyse d’Hubert Tison, secrétaire général de l’association des professeurs d’histoire-géographie. Il a en effet déclaré à l’AFP que dans les nouveaux manuels de 3e, « les maréchaux Joffre et Foch disparaissent. Le rôle de Pétain pendant la Première Guerre mondiale n’est souligné que chez Belin » ce qui l’amène à se demander comment il sera possible d’expliquer le prestige de Pétain en 1940 sans avoir montré son rôle dans la bataille de Verdun et dans le règlement de la crise des mutineries de 1917 alors que « Les mutineries de la Grande Guerre disparaissent aussi ».

L’histoire fabriquée ? analyse les nouveaux manuels de première et de terminale et ceux-ci vont assez largement dans le même sens. Les héros et les généraux de la Grande guerre sont très peu abordés. On n’y trouve pas des pilotes d’avion audacieux et des engagés volontaires, mais uniquement des soldats souffrants, ce qui conduit à une vision partielle et abstraite de la guerre.

Les manuels présentent Bécassine, un personnage d’illustrés pour enfants, comme seul exemple d’engagement volontaire. Cette domestique bretonne stupide mais pleine de bonne volonté ne comprend rien à rien, mais elle est tout de même engagée comme infirmière.

L’engagement volontaire de 29935 volontaires étrangers dont les écrivains Guillaume Apollinaire et Blaise Cendrars n’est pas cité. On ne trouve pas non plus trace de Jean Corentin Carré ou de Louis Pergaud, l’auteur de la Guerre des boutons.

Cet oubli est il le résultat d’une idéologie pacifiste et anti nationaliste ? C’est sans doute en partie vrai, mais c’est aussi le résultat d’une approche souvent abstraite et dépersonnalisée de l’histoire.

On ne trouve en effet pas non plus tellement de détails sur la petite minorité qui a critiqué cette guerre dès le début, du Pape Benoit XV en novembre 1914 aux participants du congrès de socialistes partisans de la paix dans la ville suisse de Zimmerwald en 1915. On n’y lit pas non plus le récit par l’institutrice Emilie Carles du parcours de quelques anarchistes qui sont rentrés dans la clandestinité pour ne pas participer à la guerre. 

Vous trouverez de plus amples développements sur ces sujets dans L’histoire fabriquée ?
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