L’histoire au Journal de 20 heures sur France 2 : Débat sur la disparition de la chronologie.

Reportage : « Depuis plusieurs années, une approche thématique est privilégiée. Plusieurs grands noms de l’Histoire française demandent aujourd’hui un retour à la chronologie. Pour eux, les élèves manquent de repères. … Jusque dans les années 90, l’enseignement de l’histoire était chronologique. A gauche, un manuel de 1994, à droite, un manuel de 2012. Dans le premier, les chapitres s’enchaînent chronologiquement. On y étudie la guerre de 14-18 puis la révolution russe de 1917 et enfin la crise de 1929. Dix ans plus tard, le contenu est chapitré par grands thèmes. La crise de 29 est ainsi traitée avant la guerre de 1914-18 et avant la révolution russe de 1917.

Pour certains profs d’histoire, le risque est de perdre en compréhension. (Hubert Tison de l’APHG) Exemple avec la Seconde Guerre mondiale. Ça commence par les grandes phases, mais les raisons ? On n’en sait rien. Il y a l’expansion de l’Allemagne nazie. Les raisons, vous les trouvez plus tard. On les trouve dans le thème « Les totalitarismes ». Tout est mélangé, il faut emboîter les choses autrement, c’est difficile pour un professeur et les élèves sont perdus.

Mais selon marc Ferro, inutile d’apprendre par cœur une litanie de (nombreuses) dates. L’important est de comprendre l’enchaînement des évènements. Il faut quatre ou cinq points d’ancrage, pas plus. Il y a pour le Moyen Age les invasions, les croisades, Saint-Louis. »

Source et image : Transcription du texte du reportage de France 2 sur le sujet, qui provoque la colère du blogueur prof d’histoire de Rue 89, qui nie le fait que bien des manuels adoptent une approche thématique de la succession des chapitres, mais aussi à l’intérieur des chapitres et de l’enracinement des dates et des personnages dans le déroulement du cours.

Chronologie en histoire, presque rien n’a changé.

Maintenant c’est dans le texte officiel, Hitler arrive au pouvoir avant la seconde guerre mondiale ; mais cela ne résout pas totalement le problème de l’oubli de la chronologie. L’intérieur des chapitres des manuels en usage actuellement est en effet très souvent thématique.

Les programmes de première élaborés sous la direction de Laurent Wirth au temps de Nicolas Sarkozy ont été critiqués pour présentation thématique de l’histoire du XXe siècle. Le texte officiel demandait une étude des deux guerres mondiales, puis une étude des totalitarismes. Appliqué à la lettre, cela revenait à parler de la seconde guerre mondiale avant d’avoir étudié l’arrivée au pouvoir du communisme et du nazisme.

Il a ensuite été déclaré que les professeurs avaient le droit de remettre les sujets dans l’ordre chronologique et que les pressions en sens inverses étaient de malencontreuses erreurs.

Le texte officiel revient à des thèmes dans l’ordre chronologique en 3e et en première S, mais la pratique thématique reste très présente dans les nouveaux manuels et continue a organiser les ressources officielles.

Deux nouveaux manuels de première traitent en effet les totalitarismes de manière thématique en traitant de « la genèse des régimes totalitaires, des projets idéologiques à faire triompher, l’embrigadement des masses » (Hachette 1e 2013) ou en titrant « Les idéologies sovviétique, fasciste et nazie ; La prise de pouvoir par Hitler ; cours : la genèse des régimes totalitaires ; le fonctionnement des régimes totalitaires ; cours : trois régimes totalitaires. » (Hatier 1e 2013). Ce dernier manuel traite aussi la Guerre froide avec un plan thématique « conflit de puissances, conflit idéologique, conflit par pays interposés » Il est pourtant possible de respecter la chronologie. Le manuel Hachette présente « La formation de deux blocs opposés ; Un monde entre crises et détente ; La fin de la guerre froide. ».

Le manuel Nathan de 3e montre aussi qu’on peut aussi organiser l’étude des totalitarismes dans l’ordre chronologique, en commençant par l’arrivée au pouvoir du communisme en Russie, avant de présenter celle du fascisme de Mussolini puis celle d’Hitler.