Nouveaux manuels d’histoire, les femmes passent de la soumission à l’effacement.

Les nouveaux manuels d’histoire sont bien loin de montrer la diversité des vocations féminines et masculines aux lycéens. Leur approche très politique et juridique de l’émancipation des femmes reste en effet très théorique.  Ils confortent dans la pratique les représentations limitées des rôles des femmes qu’ils semblent combattre.


Najat Belkacem à Toulouse pour le programme… par Najat-Belkacem

Bien loin  des objectifs de la ministre des Droits des femmes, ils en viennent à « conforter ou reproduire des représentations existantes dans la société » à propos des rôles des femmes au lieu de « les combattre quand ces représentations nuisent à l’égalité » et d’« ouvrir leur regard, leur horizon » pour parvenir à « davantage de vocations scientifiques chez les filles et plus de vocations sociales chez les garçons » (l’un des objectifs de la convention interministérielle pour l’égalité entre filles et garçons.)

En analysant deux manuels de 1e S différents (Hachette et Hatier), on trouve 53 documents pour traiter le programme sur « la place des femmes » dans « les évolutions de la société française » au XXe siècle.

L’image actuelle des femmes n’y sort pas des stéréotypes ordinaires : des « mamans auxiliaires » qui facilitent l’intégration des immigrés à Marseille, un peu plus de la moitié des avocat(e)s et quelques téléopératrices ; on ne sort pas vraiment de la vocation « sociale » des femmes. Rien n’est dit du fait quelles peuvent être des femmes de pouvoir comme Edith Cresson, les syndicalistes Nicole Notat et Laurence Parisot ou Margaret Thatcher  ou pour les prochains manuels les figures opposées qui ont mené les Femen ou la Manif pour tous. Les manuels n’arrivent pas à écrire qu’il arrive aussi qu’elles dirigent ou encadrent des entreprises et des banques et même parfois des familles nombreuses ou que dans le domaine scientifique elles peuvent aussi être de grandes informaticiennes, des pilotes de chasse et partir dans l’espace.

Les auteurs de manuels seraient ils anti-féministes ? On n’ose croire une chose pareille. La sous représentation de la diversité des modèles du genre féminin vient sans toute en grande partie d’une approche très abstraite de la question. Parmi les documents choisis, 80% d’entre eux montrent des groupes sociaux et 20% des individus. Elle est aussi la conséquence de l’idée qu’une loi sur l’égalité sera bien plus efficace que l’énergie des personnes et leurs rassemblements.

Correspondance historique : Margaret Thatcher, une icône féministe oubliée ?

Dans les manuels actuels, le rejet de la relégation par le XIXe siècle des femmes dans la sphère domestique et la dimension sentimentale ne peut se faire que d’une seule manière.

Tous les nouveaux manuels d’histoire de première mettent en avant les intellectuelles féministes de la seconde moitié du XXe siècle, Sept fois sur huit avec Simone de Beauvoir et une fois avec Françoise Giroud.
Seule la moitié d’entre eux montrent aussi d’autres modèles féminins avec une avocates, une académicienne, une aviatrices, des ouvrières du début du XXe siècle, des infirmières ou des syndicalistes.
Pas de femmes de pouvoir, à part Edith Cresson, premier ministre français, qui n’a pas vraiment réussi à s’imposer.

Il n’y a pas un seul manuel pour citer Margaret Thatcher ou une autre femme à poigne comme Golda Meïr ou Indira Gandhi dans le chapitre sur l’émancipation des femmes. Ces femmes n’étaient certes pas féministes, mais elles ont voulu et su montrer qu’elles pouvaient gouverner avec autant d’énergie et de détermination que des hommes.