Correspondance historique : Déclarations de patrimoine, Comment Périclès enseigne l’art de ne pas paraître riche.

Déclarer son patrimoine est à la mode, Le gouvernement l’impose à ses ministres et l’UMP se déchire pour savoir s’il faut le faire aussi. C’est une forme de moralisation comme une autre.  Enfin on va sa voir lesquels de nos ministres sont riches.
On saura enfin qui a un combi Wolkswagen hors d’age, trois vélos ou une belle voiture.

Hier comme aujourd’hui les élus d’une démocratie cherchent souvent à donner l’impression qu’ils sont « comme tout le monde », vivent modestement et ne se soucient que du bien public.

Ils suivent sans le savoir les leçons de communication politique du d’un de leurs grands ancêtres du Ve siècle av. J.-C. : Périclès.
Selon Plutarque, « Périclès avait, pour le peuple, une extrême répugnance dans sa jeunesse. … Riche, issu d’une grande maison, et lié avec des personnages puissants dans l’État, Périclès craignait de se voir bannir par l’ostracisme : il ne se mêlait donc point de politique …

Quand Périclès commença à toucher aux affaires. Il se dévoua au parti du peuple, préférant, à l’aristocratie faible en nombre, la multitude pauvre, mais nombreuse. …

Dès ce moment, il embrassa une manière de vivre toute nouvelle. On ne le voyait plus passer dans les rues de la ville, que pour se rendre aux assemblées du peuple ou au sénat ; et il renonça aux banquets, aux sociétés, aux causeries. Tant qu’il fut à la tête des affaires, et il y demeura longtemps, il n’alla souper chez aucun de ses amis : un jour seulement, il assista au festin de noces d’Euryptolème, son cousin ; et encore se leva-t-il de table, aussitôt après les libations ».
Image : Le PointLouvre/Insecula

Correspondance historique : Margaret Thatcher, une icône féministe oubliée ?

Dans les manuels actuels, le rejet de la relégation par le XIXe siècle des femmes dans la sphère domestique et la dimension sentimentale ne peut se faire que d’une seule manière.

Tous les nouveaux manuels d’histoire de première mettent en avant les intellectuelles féministes de la seconde moitié du XXe siècle, Sept fois sur huit avec Simone de Beauvoir et une fois avec Françoise Giroud.
Seule la moitié d’entre eux montrent aussi d’autres modèles féminins avec une avocates, une académicienne, une aviatrices, des ouvrières du début du XXe siècle, des infirmières ou des syndicalistes.
Pas de femmes de pouvoir, à part Edith Cresson, premier ministre français, qui n’a pas vraiment réussi à s’imposer.

Il n’y a pas un seul manuel pour citer Margaret Thatcher ou une autre femme à poigne comme Golda Meïr ou Indira Gandhi dans le chapitre sur l’émancipation des femmes. Ces femmes n’étaient certes pas féministes, mais elles ont voulu et su montrer qu’elles pouvaient gouverner avec autant d’énergie et de détermination que des hommes.

Correspondance historique : Cahuzac ou la tentation Savonarole

Il faut moraliser la vie politique. Le Président de la République annonce un « choc de moralisation« . Il promet des règles impitoyables contre la fraude fiscale et la corruption et condamne fermement l’erreur d’un homme en qui il aurait mis sa confiance. Harlem Désir, propose au nom du parti socialiste un référendum sur la moralisation de la vie publique et l’opposition affirme pour sa part que le gouvernement ne va pas assez loin dans l’expiation de la faute morale commise par l’ex ministre du budget.

Il y a dans cette vague moralisatrice comme un écho des passions de la cité de Florence au temps de la Renaissance.
La ville toute entière avait alors suivi avec passion les sermons enflammés du moine Savonarole contre le luxe et les tentations païennes. Après avoir chassé les trop encombrants Médicis, la ville était devenue une « république chrétienne ». Dans sa quête d’une société parfaitement morale, elle avait dressé un grand bûcher des vanités pour y brûler toutes les traces d’un luxe corrupteur. Le peintre Botticelli lui-même y avait porté certaines de ses œuvres, devenues trop païennes à son goût.
Les promesses d’un retour absolu à la vertu n’ont cependant qu’un temps. Lassés de l’austérité, les jeunes florentins se sont révoltés contre Savonarole. Ils ont rétabli les jeux et les danses. La ville s’est alors retournée contre celui a qui elle avait demandé de lui enseigner une pureté inflexible.

Promettre une vertu parfaite après une faute morale n’est sans doute pas le meilleur moyen d’éviter de retomber dans les erreurs passées.
Certains voient dans cette affaire le lynchage d’un homme par un monde généralement très permissif, mais qui ne sait rien pardonner. Pour sortir de cette alternance entre permissivité et vagues de puritanisme, il devrait pourtant être possible de trouver les chemins d’une réforme plus progressive et plus profonde du comportement des hommes publics.
Images : Langenmantel, Botticelli