Correspondance historique : François, François, François et François

Un an de présidence de François Hollande, un nouveau pape qui choisit le nom de François, le souvenir de François Mitterrand, et voilà une occasion de revenir sur l’histoire de ce prénom.
Il doit beaucoup à au choix du père de François d’Assise. Marchand de Toscane, il a imposé vers 1181 ce prénom très nouveau à son fils en souvenir des activités commerciales qu’il avait mené avec la France. Né pour être un riche marchand, François d’Assise a préféré chanter Dame pauvreté, et a lancé la mode de ce prénom.

L’invention en Italie d’un nouveau prénom est un signe du prestige du nom français aux XIIe et XIIIe siècle, à l’époque ou « l’art français » se diffuse dans toute l’Europe et dans les Etats latins d’Orient.

L’art italien lui même adopte en partie les éléments de ce nouveau style avec des croisées d’ogives et des arcs brisés dans les fresques de Giotto consacrées à la vie de saint François.

L’influence française passait aussi à l’époque par les différentes régions françaises avec la culture courtoise née des troubadours aquitains et relayée par les romans de chevalerie tels que ceux de Chrétien de Troyes et par  l’Université de Paris qui accueillit l’Allemand Albert le Grand.et les Italiens saint Bonnaventure et saint Thomas d’Aquin.

Plus récemment l’esprit irrévérencieux de Pierre Desproges dans son Dictionnaire superflu, faisait du prénom François une occasion de se moquer du président de la République de l’époque :

« François prénom masculin, signifiant littéralement: « mon Dieu, quel imbécile! »;du celte fran (« mon Dieu ») et cois (« quel imbécile »!). En effet, tousles gens qui s’appellent François sont des imbéciles, sauf François Cavanna, l’écrivain, François Chetelt, le philosophe et François Cusey,de chez Citroën, qui a honoré l’auteur de son amitié pendant leur incarcération commune au dix-huitième régiment des Transmissions, à Epinal. Tous les François sont des imbéciles. La preuve en est que,lorsqu’ils croisent un imbécile, certains l’appellent François. Le plus souvent, l’ambition, pour ne pas dire l’arrivisme, des François, est à la mesure de leur imbécillité, bien que je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’il y ait deux « l » à l’imbécillité alors qu’imbécile, lui,n’en prend qu’un. Dura lex, mais bon. Quand ils sentent le vent tourner, grâce à leur instinct d’imbécile, les François n’hésitent pas à s’engager dans la résistance en 43, 44, 45, voire, pour les plus sots, 46. grâce à la longueur de leurs crocs, qui laissent des traces sur les moquettes ministérielles où ils plient l’échine jusqu’à ramper pour obtenir la moindre poussière de pouvoir, les François peuvent espérer se hisser un jour sur le plus élevé des trônes, celui duquel,dans l’ivresse euphorique des cîmes essentielles, l’imbécile oublie enfin qu’il a posé son cul. Alors serein, benoît, chafouin, plus cauteleux que son hermine et plus faux que Loyola, il entraîne paisiblement le royaume à la ruine, en souriant comme un imbécile.

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