« Il est inconcevable à quel point l’homme est naturellement
paresseux. On dirait qu’il ne vit que pour dormir, végéter, rester
immobile; à peine peut-il se résoudre à se donner les mouvements
nécessaires pour s’empêcher de mourir de faim. Rien ne maintient
tant les sauvages dans l’amour de leur état que cette délicieuse
indolence. Les passions qui rendent l’homme inquiet, prévoyant,
actif, ne naissent que dans la société. Ne rien faire est la première
et la plus forte passion de l’homme après celle de se conserver. Si
l’on y regardait bien, l’on verrait que, même parmi nous, c’est pour
parvenir au repos que chacun travaille: c’est encore la paresse qui
nous rend laborieux.»
J J ROUSSEAU,
« Essai sur l’origine des langues ».