Macron et l’histoire

Tribune libre publiée sur le site internet du quotidien La Croix.

Des formules provocantes.
Emmanuel Macron a fait de l’histoire l’un des leviers d’une campagne en quête de consensus national. Dans une France « éclatée façon puzzle », il a voulu tenir compte de toutes les souffrances du passé, au risque de formules trop provocantes sur la colonisation « crime contre l’humanité » ou une « culture française » invisible. maAu-delà des couleurs multicolores et changeantes de ses discours, Emmanuel Macron a porté une vision à la fois cohérente et insatisfaisante de ce que devrait être notre rapport à l’histoire.
« consolider l’appartenance et la réconciliation des appartenances à la Nation ».

En marche vers un récit national unificateur ?
Le candidat a dit son désir de renouer « un fil historique ». S’étant mis en marche sur les pas d’historiens de la IIIe république comme Ernest Lavisse, « l’instituteur national », Il veut la « réconciliation des mémoires » par l’appel à des figures historiques variées.

L’ouverture post moderne.
En ne montrant pas comment relier des figures, Emmanuel Macron assume un certain éclatement mémoriel. Il se réjouit en effet d’appartenir à « un temps [où] tout est à reconsidérer » après la fin des grands messianisme politiques. Sa méthode est post moderne quand il veut aboutir à « une véritable histoire universelle convoquant tous les modèles et tous les phénomènes ». En acceptant le « débat critique dans ce qu’il a de plus complet et d’exigeant et de plus acerbe ».

Une vision émotionnelle.
C’est en enfant d’un siècle très émotionnel qu’Emmanuel Macron a voulu « d’une même main reconnaître la souffrance des harkis et des pieds noirs, et reconnaître celle des colonisés ». C’est en « bon élève » qu’il pense se sortir du scandale né de la concurrence des larmes. En « paraphrasant la formule du général de Gaulle aux partisans de l’Algérie française : -Je vous ai compris-. », il a ravivé des blessures anciennes. Il a aussi pratiqué une forme de marketing mémoriel ciblé. L’histoire lui a permis de traduire en symboles ses thèmes de campagne.

mLes psychologies consensuelles ont pu apprécier ses références prises à droite et à gauche. Les gens de l’ouest ont pu aimer sa visite vendéenne au Puy du Fou et son mot pour dire sur France Culture que « tout n’est pas bon dans la République » et d’autres auront aimé ses références aux Lumières, à Valmy et au Marquis de Sade.

Une histoire qui reste partielle.
La balance d’Emmanuel Macron finit par pencher plutôt d’un côté que de l’autre. En soulignant « l’aspiration à l’universel », elle se lit comme dans un miroir avec celle de François Fillon qui insistait sur « l’instinct de la liberté et de la grandeur ».
Cela reste politisé et orienté, sans pouvoir intégrer d’autres mémoires historiques, qu’il s’agisse de celle des électeurs de Jean Luc Mélenchon ou des références de ceux de Marine Le Pen. La question de l’intégration des enfants issus d’étrangers n’est pas non plus résolue par le symbole qui veut les faire « se situer au confluent d’un fleuve » pour entrer dans le courant d’un roman et d’un récit national.

Pour une histoire des choix et des valeurs.
Emmanuel Macron juxtapose des paroles, mais ne donne pas de solutions pour les faire vivre ensemble avec leurs morales opposées. Il contourne la question quand on lui demande sur France Culture s’il faut « célébrer la désobéissance » de ceux qui ont refusé de combattre en 1917. Il faudrait au contraire faire découvrir des modèles de frondeurs ou de patriotes et faire réfléchir sur les conséquences des choix des uns ou des autres, sans que la présence d’un personnage dans un cours n’oblige personne à s’y identifier.

Définir l’identité française comme un ensemble de choix et de préférences.
Définir la France comme une « aspiration à l’universel » risque de faire oublier les particularités d’un territoire. Elles naissent d’une série de choix et de bifurcations historiques. Les Français n’ont pas fait la même choses de leurs rois et de leurs parlements que les Anglais.
On trouve en France une priorité à l’Etat et la persistance de nuances régionales, l’austérité et la gauloiserie, l’enracinement villageois et les aventures lointaines. L’histoire des choix français passe aussi par celle de compromis discrets. On y voit un Etat qui ne reconnaît plus aucun culte en 1905 et réserve les églises au culte catholique et aussi un équilibre instable entre libéralisme et pouvoirs des syndicats.
Montrer ces courants dominants ou minoritaires, ces compromis et ces affrontements donne aux élèves la liberté choisir des identifications ouvertes, enracinées et nuancées.

Dans cette perspective, le rôle du chef de l’Etat serait de d’accepter un véritable pluralisme de l’enseignement du passé français et d’indiquer quels inflexions il veut donner aux compromis hérités de notre histoire.

Vincent Badré, professeur d’histoire géographie, auteur du livre « L’histoire politisée ? Réformes et conséquences », Editions du Rocher, 2016
Sources :
La fabrique de l’histoire, France Culture, 9 mars 2017, Transcription par le site du mouvement En Marche.
L’histoire hors série, Avril 2017.
Causeur, n°45, avril 2017.

Comment enseigner l’histoire du monde ? Vincent Badré auteur de L’histoire politisée sur France Inter.

Dans l’émission Grand bien vous fasse d’Ali Rebeihi, le débat entre histoire mondiale et récit national, en dialogue avec François Reynaert.
Quelle histoire ! Pourquoi et comment enseigner l’histoire du monde ?

Carte du monde en mosaïque sur les rives du Tage à Lisbonne
Ces dernières années de vifs débats opposent historiens, journalistes, vulgarisateurs et politiques sur la façon d’enseigner l’histoire. Au cœur des polémiques, la place du roman national comme vecteur d’appartenance à notre pays… Vainqueur par KO du premier tour de la primaire de la droite et du centre, François Fillon souhaite par exemple « réécrire les programmes d’Histoire avec l’idée de les concevoir comme un récit national ». Dans ce contexte polémique qui mêle pédagogie et idéologie, comment enseigner l’histoire du monde à nos enfants ? Une histoire foisonnante qui permet de comprendre certains enjeux contemporains.

Programmes d’histoire, la demi vérité de François Fillon dans son débat avec Alain Juppé

Comment se mettre en difficulté dans un débat télévisé de campagne électorale pour les primaires de « la droite et du centre » ? Il suffit de faire des erreurs factuelles et de parler trop vite pour exprimer une idée qui n’est pas tout à fait fausse.

Fillon se trompe sur le texte des programmes et des manuels, mais il a perçu des tendances bien présentes dans l’enseignement actuel de l’histoire. Les personnages qu’il cite comme Clovis sont pour certains bien présents dans les textes, mais sont relégués dans les programmes de l’école primaire et absents des textes officiels du collège. Il fallait sans doute en être resté aux polémiques sur la préparation des nouveaux programmes qui envisageaient de rendre l’étude des philosophes des Lumières facultative pour penser que Voltaire et Rousseau pourraient avoir disparu des programmes, mais les nouveaux programmes de collège ont supprimé les listes de personnages à connaître pour les remplacer par des problématiques générales. Les manuels et les instructions officielles montrent qu’il est tout à fait possible de parler de Jeanne d’Arc ou de Voltaire et Rousseau à l’intérieur des problématiques des programmes.

Le problème actuel des personnages dans l’enseignement de l’histoire n’est pas qu’ils soient absents mais qu’ils soient le plus souvent présentés bien trop rapidement et de manière dépersonnalisée. Robespierre en trente mots, c’est un peu court ! Contrairement à ce que dit Fillon, les élèves ont bien une idée de notre récit national; (Le récit du commun) les élèves savent que Louis XIV a existé, mais pas vraiment ce qu’il a fait de sa vie et de sa mort.

Sur l’idéologie, François Fillon n’a pas tord quand il dit « qu’on choisit les dates, les périodes, les hommes qui correspondent à l’idéologie qu’on défend », mais les textes actuels vont bien moins loin que les désirs idéologiques affichés par  Najat Vallaud Belkacem ou  Michel Lussault qui a dirigé la préparation des nouveaux programmes de la réforme du collège.

La solution de François Fillon, c’est la juxtaposition de mémoires opposées. Son discours de Sablé met côte à côte des héros opposés entre eux dans notre passé sans montrer comment conjuguer ces mémoires. Pour lui « La France c’est Saint Louis, Louis XI, Louis XIV, les révolutionnaires de 1789, Bonaparte, Napoléon III, la Troisième République, Gambetta, Thiers, Jules Ferry, Clémenceau, Jaurès, Poincaré, De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac ».

Le livre L’histoire politisée? Réformes et conséquences remonte pour sa part aux racines de nos récits nationaux et propose des réflexions pour arriver à conjuguer nos mémoires au lieu de les laisser poursuivre leurs vieilles guerres civiles.

Rapport parlementaire sur la théorie du genre … et les manuels

Un rapport parlementaire (relayé par le site du Mondeaffirme un chose et contient son contraire. Il prétend qu’il n’existe que des études sur la construction en partie culturelle des identités de genre masculin ou féminin et affirme dans son développement qu’il faut « déconstruire les stéréotypes » pour remplacer un modèle réducteur par un autre. rapport-parlementaireSelon sa présentation officielle, il  » fait le point sur la signification du terme « genre » qui fait l’objet de nombreuses interprétations erronées. Soulignant, qu’il n’existe pas de théorie du genre, il permet de comprendre ce que sont les études de genre et pourquoi elles sont nécessaires pour comprendre notre société et tendre vers une égalité réelle entre les femmes et les hommes. »

Il a été réalisé à partir d’auditions de personnes généralement fortement engagés dans une lecture militante des études de genre et voté à l’unanimité par les membres de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, y compris 12 parlementaires Les républicains.

D’après la présentation qui en a été faite par ses auteurs il recommande (entre autres propositions) un renforcement de l’utilisation du concept de genre dans l’enseignement et les manuels scolaires :

« 15. − Compléter l’intégration de l’égalité femmes-hommes dans les programmes scolaires à travers des modules dédiés et des approches transversales dans les différents enseignements.
16. − Mieux intégrer le genre et l’égalité femmes-hommes dans les manuels scolaires :
→ en diligentant une mission d’évaluation des manuels scolaires, confiée à des chercheur.se.s spécialisé.e.s sur les questions de genre ;
en approfondissant, à la lumière de ce diagnostic, les instructions données aux auteur.e.s et aux éditeur.trice.s de manuels scolaires ;
en créant un label ministériel « égalité » pour les manuels dont les contenus sont adaptés à l’apprentissage de l’égalité femmes-hommes et à la déconstruction des stéréotypes de genre, pouvant s’appuyer sur la grille d’évaluation élaborée par le Centre Hubertine Auclert.
17. − Réunir ces outils dans un guide pratique de formation à l’égalité femmes-hommes destiné à l’ensemble des membres des équipes éducatives. »

Selon ce rapport il s’agit donc d’aller encore plus loin que ce qui se fait actuellement dans les manuels scolaires.

Aletheia : Gender dans les manuels, sortir des réactions instinctives.

Interview de Vincent Badré dans Aletheia :
Extraits :

Et en quoi la critique du Pape est-elle finalement fondée, même historiquement ?
Au XIXe siècle, on expliquait que la femme avait des seins, l’homme non et qu’elle devait donc porter les enfants, s’en occuper et rester à la maison. On insistait d’autre part sur le fait qu’elle était trop émotive pour faire de la politique ou diriger quoi que ce soit. En clair, il n’y avait que la nature.
Aujourd’hui, on veut exactement l’inverse : nier la nature, à moins d’être accusé de biologisme.
L’Église offre une troisième voie entre deux visions radicales et excessives en réalité. Saint Paul nous le dit : nous sommes incarnés, faits de chair, mais nous avons également un esprit. Le discours catholique est donc simple : nous sommes corps et esprits et nous devons faire la part des choses.
Nous sommes évidemment déterminés et contraints par notre héritage dans une certaine mesure, mais également libre de nous accomplir en tant que personne. Il faut commencer par accepter ce qui est pour ensuite exercer sa liberté. Il est vrai aussi qu’il y a de multiples manières d’exprimer sa masculinité et sa féminité et l’Histoire est très utile pour le réaliser.
Vous êtes justement professeur d’histoire, quels sont ces exemples ?
Quand Louis devint Soleil: Le Ballet Royal de La Nuit
On peut par exemple parler de Louis XIV qui pleurait comme une madeleine à chaque spectacle auquel il assistait. Il était très émotif, il était couvert de rubans et portait des talons hauts mais personne n’a jamais eu l’idée de lui dire qu’il était une fille !
On a également eu au XVIIe et XVIIIesiècles des femmes qui ont gouverné la Russie, l’Autriche et même la France, et qui n’ont pas laissé que de bons souvenirs à leurs ennemis ! Et pourtant, elles étaient bien des femmes, mais personne ne trouvait ça absurde à l’époque, il a fallu attendre le XIXe siècle.
Donc par l’histoire, on pourrait proposer des ouvertures aux enfants en leur montrant qu’il y a différentes manières d’être homme ou femme, sans leur plaquer un modèle pour en détruire un autre !
Propos recueillis par Charlotte d’Ornellas.
Image : Ballet royal de la nuit.

Théorie du Genre : Le Pape, Najat Vallaud Belkacem et les manuels de collège

Théorie du genre dans les manuels de collège français.
D’après l’enquête et les analyses du livre
L’histoire politisée ? réformes et conséquences, Editions du Rocher, 2016.

En histoire. Ni études de genre ni théorie du genre ou idéologie du genre.
En Education civique : Théorie du genre partout.
Chez les professeurs : Faible succès des formations sur la question du genre. L’application des programmes ou des pages de manuels sur le sujet risque d’être peu fréquente.

En Education civique : Théorie du genre partout.
Présence systématique d’une inversion des modèles « traditionnels » du masculin et du féminin.
Etude réalisée sur les l’ensemble des manuels de 6e et 5e publiés par les principaux éditeurs scolaires : Belin, Bordas, Hachette, Hatier, Lelivrescolaire.fr, Nathan, Magnard.

Objectif ministériel : Assurer l’égalité entre filles et garçons par des orientations qui ne soient pas réduites par l’idée que certains métiers ne seraient pas « faits pour les filles ».
Programmes : L’objectif d’égalité est associé à celui de lutte contre les stéréotypes culturels  attribuant certains rôles aux hommes ou aux femmes (études et théorie du genre) : « Respecter tous les autres et notamment appliquer les principes de l’égalité des femmes et des hommes. Cycle 3 : – L’égalité entre les filles et les garçons. Cycle 3 : – Analyse de certains stéréotypes sexués à travers des exemples pris dans des manuels ou des albums de littérature de jeunesse ou le cinéma. »genre-pape-egalite-nathan-5e-p-320-321-331(Image Nathan 5e, pp 320, 321 et 331)

Modèles masculins et féminins inverses des représentations sociales habituelles.
Tous les manuels étudiés ont choisi de ne présenter que des exemples de modèles d’homme ou de femme inverses des représentations habituelles.
Voir citations ci-dessous.

Jugements de valeurs hostiles aux rôles traditionnels attribués aux hommes ou aux femmes. Ils sont présents dans certains manuels.
Voir citations ci-dessous.

En histoire. Ni études de genre ni théorie du genre ou idéologie du genre.
En 5: Dans les programmes sur le Moyen Age et les manuels correspondants ; Ni études de genre ni théorie du genre ou idéologie du genre.
Très faible présence des femmes en général dans les documents et les exemples choisis. On ne trouve que 17 ou 23 % de documents contenant au moins une femme dans les supports qui pourraient présenter un personnage de l’un ou l’autre sexe dans les manuels de 5e Hatier et Hachette publiés en 2016.
En 4e : On souligne plus qu’avant l’importance d’une étude du mouvement féministe de libération des contraintes légales et sociales subies par les femmes au XIX siècle.
Le programme demande d’étudier les « Conditions féminines dans une société en mutation : Quel statut, quelle place, quel nouveau rôle pour les femmes dans une société marquée par leur exclusion politique ? Femmes actives et ménagères, bourgeoises, paysannes ou ouvrières, quelles sont leurs conditions de vie et leurs revendications ?
Les manuels traitent la question en suivant un récit féministe, sans réelles études de genres et sans théorie du genre.

Concepts utilisés dans cet article. Définitions :
Etudes de genre : observations historiques sur la manière dont une société décrit l’expression culturelle de ce qui est masculin ou féminin.
Théorie du genre : Idée selon laquelle l’adhésion à un genre « masculin » ou « féminin » est essentiellement le résultat d’un choix, suivant la phrase de Simone de Beauvoir « On ne naît pas femme, on le devient ». Cela peut conduire à des observations sur des formes de « trouble dans le genre » décrites par Judith Butler.
Idéologie du genre : Le fait de considérer l’existence d’un « trouble dans le genre » comme quelque chose de positif et de souhaitable par une « queer théory » et une « subversion de l’identité » qui déconstruise l’idée même de « féminin » et de « masculin ».

Références extraites du livre L’histoire politisée ? réformes et conséquences, Editions du Rocher, 2016.
Modèles masculins et féminins inverses des représentations sociales habituelles.
Tous les manuels étudiés ont choisi de ne présenter que des exemples de modèles d’homme ou de femme inverses des représentations habituelles.
– Le garçon qui fait de la danse, dans les manuels, c’est Billy Elliot
Lelivrescolaire.fr 6e,  2 p. 307 et ici Hatier 5e, 3 p. 342.

genre-pape-ministre-ha5-p342– Le dossier d’un manuel de 6e sur « Être une fille, être un garçon » montre ainsi deux documents sur l’inégalité des tâches ménagères, une loi sur l’égalité des droits et la non-discrimination à l’embauche et trois documents sur des inversions de modèles : fille au rugby, homme sage-femme ou père au foyer. Les questions posées sont : « Les gens sont surpris, l’êtes-vous également ?  Trouvez-vous cela normal ?
Magnard 5e pp. 306-307.
Les images de Julien, sage-femme et de Maud, grutière sont en effet placées juste avant une affiche en anglais disant « stereotype this, gender discrimination stunts potential »
Nathan 5e, 1 p. 321 ; Nathan 5e, 2 p. 321 ; Nathan 5e, p. 331[1].
Théorie du genre construit : Présence de la notion de stéréotype.
– « Stéréotypes de genre [qui] se retrouvent également dans les livres et les jouets destinés aux petits enfants ». Belin, 6e 3 p. 300.
– « On réserve aux garçons [certaines] filières,. on [leur] offre des jouets faisant appel à la réflexion et si nos jouets influençaient nos choix professionnels ? » Magnard 5e 1 p. 297.
– « Cela paraît incroyable, mais ces stéréotypes sont si puissants qu’ils enferment les filles et les garçons dans des rôles » qui sont des « idées fausses » qu’il faut combattre pour « faire toujours ce que l’on a vraiment envie de faire, tout en respectant les idées de chacune et de chacun » (reprise d’une affiche des éditions Milan, en lien avec la Ligue de l’enseignement).
Hatier 6e, p. 349.
[Dans un manuel de 3e]
« Maintenant que vous avez compris les stéréotypes de genre, réfléchissez librement à votre orientation,  élaborez un poster montrant vos futurs métiers
Lelivrescolaire.fr 3e, p. 405.
Invitation à remettre en cause les modèles habituels.
– Un dossier propose d’apprendre à « être un héros sans préjugés » pour ne pas tomber dans les stéréotypes, ces « images caricaturales que l’on se fait d’une personne ou d’un groupe ». Il part des films de Disney et Pixar où heureusement il y a des antihéros qui « sont intéressants car ils permettent de lutter contre les préjugés ». Il dit ensuite aux élèves : « Inventez une (anti) héroïne » en imitant les exemples suivants « Un garçon doit-il toujours être grand et fort ? Une fille douce et calme ? » Le résultat ressemblera peut-être à « Malika la skateuse » et l’élève aura réussi s’il a « appris à nuancer [son] point de vue » en sortant des préjugés qu’il pourrait avoir.
Lelivrescolaire.fr, 6e, p 319[2]

genre-pape-ministre-lls6-p319– Le chevalier servant doit s’excuser d’exister : un jeune homme « décide de se battre pour sauver sa bien aimée », mais « pour cela il va d’abord devoir s’engager pour sauver la planète. »
Magnard 5e p. 308.
Jugements de valeurs hostiles aux rôles traditionnels attribués aux hommes ou aux femmes. Ils sont présents dans certains manuels.
– « c’est nul les princesses  et après elle est enfermée toute sa vie. Elle fait des enfants, elle lave le linge, elle fait à manger. Elle passe son temps à se friser les cheveux. »
Hatier 5e, 1 p. 342

Très faible présence de la question homosexuelle dans les manuels.
Les manuels ont illustré dans le détail l’objectif de lutte contre le sexisme présent dans le programme. Ils sont bien plus réservés à propos de l’homosexualité. Rien dans les manuels de 6e. Dans ceux de 5e, on ne trouve que deux allusions à propos de la discrimination pour le logement Nathan 5e, 2 p. 336 : « Je ne veux pas louer mon appartement à ce genre de couple. » (Bordas 5e, p. 253 Seul le manuel Hatier de 5e insiste fortement sur la question.

[1] Les deux premières références sont corrigées par rapport au livre
[2] Référence ajoutée par rapport au livre.

Tribune libre dans La Croix : Sarkozy et les Gaulois, combat de faux semblants et vraie crise d’identité.

Vincent Badré, professeur d’histoire-géographie
PAR LA-CROIX.COM
Texte complet avec liens à suivre.

Nicolas Sarkozy construit une arme d’instrumentalisation massive sur des apparences. Il déclare qu’à partir du moment où l’on devient Français, «on vit comme un Français et nos ancêtres sont les Gaulois» et nombreux sont ceux qui s’écharpent pour savoir si c’est vrai. Najat Vallaud Belkacem répond en lui faisant un petit cours d’histoire en partie faux lui aussi.

En utilisant les mots « nos ancêtres les Gaulois » Nicolas Sarkozy utilise des mots qui gênent et donne l’impression qu’il est proche des français « de souche » ; mais il parle en fait de la nécessité d’adhésion à une culture quand on obtient la nationalité française.

La polémique.
Najat Vallaud Belkacem est ravie de l’occasion de pouvoir donner pour sa part l’impression qu’elle est du côté de l’histoire véridique de la France de la diversité. Elle continue ainsi une apparence de lutte contre le « roman national » des « petits bonhommes dociles en uniforme récitant le catéchisme d’une France immémorielle et idéalisée » quand les programmes et les manuels d’histoire qu’elle a mis en place n’apportent qu’une légère inflexion dans ce sens.

Nicolas Sarkozy s’est remis au centre des polémiques en touchant un point très sensible, celui du rapport des français aux liens entre parents et enfants. La famille réduite au noyau fondamental des parents et de leurs enfants devient un sujet de passions radicales. Pour Yann Moix elle est insupportable et pour les opposants à la loi Taubira avoir « un père et une mère c’est élémentaire ».

[Les « véritables » identités françaises].
Ce clivage autour de la généalogie se retrouve à propos de l’histoire. La gauche sociétale dit avec Laurent Joffrin que le rappel d’une continuité généalogique majoritaire dans le peuple français est « totalement contraire à la véritable identité française, qui est celle du mélange » et discrimine ceux qui ont une autre origine. Elle reste par cela dans une pensée biologique. Selon Suzanne Citron, la Révolution française « s’est en effet inscrite dans un cadre raciologique, celui de la suprématie du tiers état, descendant des Gaulois sur la noblesse ayant les Francs pour origine » et l’historien Dominique Borne ne veut pas d’un enseignement de l’histoire qui serait généalogique.

La droite assimilationniste s’appuie au contraire sur une définition culturelle de la nation. Nicolas Sarkozy en donne une version radicale en disant qu’il faut « vivre comme un français » quand on le devient. D’autres intellectuels ou politiques ayant une origine en partie lointaine comme lui vont dans le même sens.  Les candidats à la primaire du parti Les républicains ont pourtant du mal à proposer une identité culturelle et un nouveau récit national réellement utilisable. Ils font des listes de personnages historiques à connaître, mais sans expliquer comment faire vivre ensemble racines chrétiennes et laïcité dans une identité heureuse (Juppé), Napoléon III et la IIIe république (Fillon) ou le Musée de l’Immigration et le Musée de l’Armée (Le Maire).

Raconter notre histoire.
Pour retrouver un rapport apaisé à notre identité historique il faudrait passer des oppositions de mémoires à leur conjugaison. Reconnaître sans les opposer les continuités du sol et des villages et les apports extérieurs. Des professeurs d’histoire de terrain comme Mara Goyet montrent qu’il est possible de le faire en racontant l’histoire du roman national et les réalités de notre histoire. Il faudrait devenir capables de faire comprendre les débats du passé, la beauté des points de vue opposés et de nos compromis historiques. Une identité culturelle, ouverte et riche serait capable de Il faudrait aussi penser des degrés d’adhésion libres et variés à une culture commune. Nicolas Sarkozy dit qu’il faut vivre « comme un français », mais il y a plusieurs manières de le faire en s’inspirant de toute la variété des personnages de notre histoire.

Public Sénat, Grand entretien Vincent Badré, L’histoire politisée?

« La tentation qu’on peut avoir est de ne pas parler des débats » … « On a fait des manuels républicains, des manuels communistes, des manuels catholiques.  (…) On est prisonnier aujourd’hui de cette question de l’origine en se demandant où étaient finalement nos ancêtres ».

Selon lui, il faudrait montrer que l’identité est suffisamment large pour donner la possibilité à chacun  de s’inspirer de n’importe quel personnage historique.


Grand entretien : Vincent Badré par publicsenat

Histoire politisée ? : Faut il choisir entre manuels de droite et manuels de gauche ?

Pour certains, il faudrait classer les manuels, savoir dans quel côté politique ils se situent. L’exercice n’est pas impossible, il y a des nuances entre les manuels les plus largement diffusés et avec le manuel de Dimitri Casali. Cela pose tout de même un problème à certains analystes du livre L’histoire politisée ? Réformes et conséquences. Ils voudraient le rattacher à un camp politique donné et scruter l’intimité des préférences de l’auteur.

image3672Pour un analyste du site gregoiredetours.fr, l’auteur « laisse entendre quand même clairement qu’il préfère la série des ouvrages de Carnat et Joyeux pour le cours d’histoire en seconde, première et terminale chez Le Robert (élaborée par des professeurs venant du site Le café pédagogique) aux ouvrages de Dimitri Casali aux éditions La Martinière. »

En sens inverse Livres hebdo écrit que « seul trouve grâce à ses yeux le Nouveau manuel d’histoire : programme 2016 de Dimitri Casali soutenu par SOS Education, association très marquée à droite. »

Il faudrait sortir de cette logique partisane, pour pouvoir arriver à intégrer les diverses identités politiques françaises. Il faudrait pouvoir citer des exemples « de gauche » sur la vie des ouvriers ou « de droite » sur celle des généraux de la guerre de 14-18 sans être classé dans un parti ou un autre.

Intégrer nos diverses mémoires est important pour pouvoir aussi ouvrir des possibilités d’intégration aux élèves venus de la diversité. Il est plus facile d’entrer dans l’héritage moral de figures historiques variées.

 

Histoire politisée ? dans le Figaro, comment sortir du conservatisme scolaire ?

Entretien dans le Figaro, il y a aussi du conservatisme dans les manuels d’histoire. Sous une forme éclatée et parcellaire, ils maintiennent des éléments de récit ancien, à toutes les gloires de la France … à côté de développements sur les hontes de notre passé.

L’article s’ouvre par une précision biographique :
J’ai une longue expérience de collèges et de lycées publics, quittés avec de bons souvenirs d’enseignement et de solidarité professionnelle. Expérience aussi d’un effort de neutralité par l’absence d’engagement politique explicite de la part des personnels, avec le risque pour les enseignants de ne pas assez montrer les débats et les alternatives politiques qui se sont présentées dans l’histoire.
Après ce parcours en école publique, j’ai eu la possibilité de rejoindre un établissement catholique, avec une annonce de la foi chrétienne à côté de l’enseignement, comme un élément de la vie qu’on peut choisir de vivre et de penser, tout en veillant en tant que professeur d’histoire à faire connaître et comprendre aussi les autres courants de pensée, chacun restant libre de ses préférences intérieures.

Identité nationale : passer du noir et blanc à la couleur

Recension du livre L’histoire Politisée par Famille chrétienne :
« La réponse de Vincent Badré est nuancée. Il propose de « passer d’une définition de la nation comme un catalogue de repères culturels, à une définition de la nation comme expérience culturelle ». Pour lui le récit national s’impose, par souci de cohésion, mais il gagnerait à être « enrichi et renouvelé ». D’abord en insistant sur la diversité régionale, trop souvent absente des manuels et des programmes. Ensuite, et surtout, en développant chez les élèves l’amour des héros. Pas seulement les rois, mais aussi ceux qui se sont illustrés dans l’humanitaire ou la technique. Pas seulement les guerriers, mais aussi les personnes handicapées, comme Jeanne de France, fille de Louis XI. Pas seulement les personnalités en vue, mais aussi les Compagnons du Devoir, célèbres pour leur savoir-faire. « Cette variété aurait l’avantage d’offrir plusieurs possibilités d’identifications différentes », résume l’auteur. »

Une éducation civique sans monde du travail

Dans un entretien avec la radio Kernews et La Baule+ à propos du livre L’histoire politisée ? :
Afficher l'image d'origine » On observe la construction d’un programme d’éducation civique qui se révèle être très partiel : par exemple, on ne parle pas des relations de travail… C’est très intéressant, puisque nous avons un gouvernement de gauche qui est supposé défendre les pauvres et les travailleurs contre le pouvoir de l’argent… François Hollande s’est fait élire en expliquant qu’il était l’ennemi de la finance, mais les programmes d’éducation civique n’envisagent pas du tout la relation professionnelle. Même dans les manuels d’histoire, on a une vision souvent réductrice et compassionnelle du monde du travail. Cela s’explique par la vision souvent individualiste du futur citoyen, de l’homme en construction… On considère que l’individu doit développer sa particularité, mais il n’est jamais regardé dans ses relations et dans ses réseaux sociaux ».

Les manuels d’histoire sont conservateurs … des vieilles polémiques. L’histoire politisée dans le JDD.fr

Les manuels d’histoire sont conservateurs … des vieilles polémiques.

INTERVIEW – Vincent Badré, professeur d’histoire-géographie à Paris, décrit dans son dernier livre, L’Histoire politisée (*), les effets des réformes successives des…

Peut on obtenir la paix par un récit accusateur ?

C’est ce que pense Sébastien Ledoux, enseignant à Sciences Po et chercheur en histoire contemporaine à Paris-I, au Centre d’histoire sociale du XXe siècle dans une tribune publiée par Le Monde. 

Il veut « Un récit qui ne commande pas l’amour de la France, qui ne construit pas implicitement d’aversion ou de rejet envers des figures d’altérité irréductible (le juif, l’immigré, le musulman), ferment du nationalisme » en s’éloignant d’une « production narrative [qui] a, en tout cas, omis des faits historiques dont l’Etat français s’est rendu responsable (traite et esclavage, violences coloniales, persécution des juifs par Vichy). »

Pour « définir les contours d’une coexistence possible des Français dans un devenir commun au sein de la République du XXIe siècle. » il veut un « récit inclusif, [dans lequel] une place doit être consacrée aux immigrations depuis le XIXe siècle pour affirmer avec force le rapport dialectique de la construction nationale par ses apports extérieurs depuis deux siècles. Face aux discours identitaires actuels qui font écran au passé comme au présent et à l’avenir »

Note personnelle un peu énervée :

Il faudrait surtout sortir de cette opposition en noir et blanc pour passer à la couleur de la diversité de nos mémoires et des possibilité d’adhésion à nos héritages culturels et moraux.

Fillon exagère sur les programmes d’histoire : la lettre, l’accent et les Décodeurs du Monde.

Article très intéressant et un peu exagéré à son tour du Monde à propos de la toute récente préoccupation de François Fillon à propos des programmes d’histoire.
Selon François Fillon ce sont les élèves qui « ignorent des pans de leur Histoire ou pire encore apprennent à en avoir honte ? ». Le Monde a raison de rappeler que les programmes couvrent des aspects très larges de notre passé, en citant des travaux de chercheurs comme Patricia Legris.
On peut se demander d’où vient l’apprentissage de la honte de notre histoire? Pour Le Monde, les programmes en parlent peu, avec seulement deux chapitres sur l’esclavage.
La lettre des programmes ou des manuels ne parle pas de « honte » du passé, mais elle donne un accent de repentance en soulignant certains aspects.
Le projet de programmes parlait de « monde dominé par l’Europe », le texte définitif demande d’étudier les « traites négrières » puis « le fonctionnement d’une société coloniale ».
Le livre L’histoire politisée? Réformes et conséquences essaye aussi d’aller plus loin que le projet de François Fillon qui pose côte à côte les éléments du « récit national » qu’il veut retrouver pour en déduire une nouvelle unité pour l’avenir.

Le livre L’histoire politisée ? vue par les site lesinfluences.fr

Analyse du site  lesinfluences.fr « Sous des apparences techniques mais qui ne manqueront pas d’enflammer le milieu des professeurs d’histoire et au-delà, Vincent Badré, lui, préfère examiner les réformes initiées par le ministère de l’Éducation et leurs conséquences, notamment sur la discipline sensible de l’histoire. Dans l’Histoire politisée ? (le point d’interrogation n’étant que rhétorique) ( 344 p., 19,90 €, Éditions du Rocher, en librairie le 1er septembre), l’auteur estime que « la réforme actuelle n’aide pas les élèves à bien comprendre la vie dans leur pays, son histoire, ses identités et les méthodes pour participer à la recherche de biens communs ». Il voit dans l’examen attentif des nouveaux manuels d’Histoire qui régaleront les élèves dès cette rentrée, comme une insécurité historienne instituée.

Vincent Badré : « Les gouvernements veulent politiser l’Histoire dans leur sens, mais les habitudes et l’inertie du système transmettent aussi d’autres idées reçues, et conduisent à une absence de consensus sur ce qu’il faudrait enseigner. »

L’auteur, professeur d’histoire lui-même, invoque une réflexion générale sur « la politisation, la neutralité et la meilleure manière de faire découvrir les choix politiques aux élèves. Cela passe aussi par une réflexion sur la meilleure manière de faire vivre ensembles les composantes de l’identité française, pour qu’elle puisse être transmise aux élèves dans toute leur diversité. »

L’histoire politisée ? Réformes et conséquences.

Mis en avant

Actualités de la question
de l’enseignement de l’histoire.
C’est à suivre sur Twitter@histoirepolit.

Elections présidentielles.
Macron et l’histoire
, L’appartenance désaccordée. Fillon et l’histoire. Préoccupation épisodique et synthèse sans liens entre les mémoires.


Présentation du livre. 
Un nouveau livre pour continuer la réflexion sur l’enseignement de l’histoire après la réforme du collège et pour aller au delà des oppositions tranchées entre repentance et nostalgies historiques. Toutes les actualités sur le livre sont ici.
L’histoire politisée ? Réformes et conséquences : Ou comment sortir du blocage des polémiques sur l’histoire.
Médias de grande diffusion : Radio : Marche de l’histoire France Inter. Grand bien vous fasse France InterGrand Témoin Radio Notre Dame. Europe 1 Social Club. Télévision. Public Sénat. Tribune libre : Site internet La Croix. (Avec liens). Commentaires et opinions : Histoire mondiale contre récit national. Liberté pour les professeurs. Gauche/droite. Hommes politiquesIslam. Chrétiens d’Orient. Récit accusateur. AssimilationThèmes :Simplifications politiques (Public Sénat) / Programmes orientés (Le Figaro) / Manuels qui conservent des pédagogies contestées (Europe 1, Le JDD.fr) / Impatience face à une Histoire politiséeneutralité affichée (Figarovox) et impossible (Le JDD.fr) et bons manuels (Histoirepolitisée.fr) / Intégrer la diversité des mémoires de notre passé national (Famille Chrétienne) / sans
idéalisation ni repentance (Les influenceurs).
Autres médias : Dossier : France Catholique / Vidéo Public Sénat, Zoom TV Libertés / Audio : Kernews, Arrêt sur info / Presse : Figaro, Figarovox, Livres Hebdo, Famille chrétienne.

Comprendre la folie du Burkini par l’histoire de notre identité.

C’est la polémique du moment; un vêtement qui voile, une coutume différente qui s’invite dans le village gaulois et les passions se déchaînent.
L’enseignement de l’histoire n’a pas en lui même de conclusion politique et morale à imposer face à la question politique et juridique que pose le Burkini. Par contre il pourrait permettre de comprendre l’ampleur des réactions en France et l’étonnement que cela suscite dans d’autres pays, en particulier anglo saxons.
Le programmes d’histoire publiés en 2016 ont du mal à bien faire comprendre les identités françaises dans toute leur profondeur historique. Le livre L’histoire politisée ? Réformes et conséquences propose une réflexion sur les identités françaises, bagarreuses et souvent pleins de compromis inavoués, ouvertes au monde et peinant à accepter les divergences de comportement culturel; un peu comme le village d’Astérix et son barde Assurancetourix. Le site Atlantico donne un extrait du livre à ce sujet.

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Chronologie en histoire au collège, le demi mensonge de Najat Vallaud Belkacem

Extrait du livre « L’histoire politisée? Réformes et conséquences », relayé par le site Atlantico :
« «Mais non pas du tout !»: le gouvernement répond à l’accusation de supprimer la chronologie
Face à la fronde, le gouvernement a utilisé des tactiques habituelles en communication politique. Najat Vallaud-Belkacem utilise par exemple une vérité partielle pour prendre à contre-pied ses opposants quand elle déclare: «D’abord, et c’est prévu, il faut revenir à la chronologie pour permettre aux élèves d’acquérir des repères temporels solides.» Elle peut prétendre que ses opposants profèrent des «mensonges éhontés» en disant que les nouveaux programmes suppriment complètement la chronologie. En effet, les chapitres du nouveau programme sont rangés dans l’ordre chronologique.
Il faut voir aussi l’autre partie de la vérité, et la plus déterminante dans la réalité vécue des élèves: les repères de programmation prévus ne parlent que de thèmes à traiter. L’intérieur de ces thèmes est lui aussi thématique : «L’Europe de la Révolution industrielle: nouvelle organisation de la production, nouveaux lieux de production, nouveaux moyens d’échanges.» ».

Autres note de ce blog sur le même sujet : Une disparition en débat et presque rien n’avait changé sur le sujet en 2013.

11 novembre commémoration entre fascination du sang et refus de la violence

Les commémorations du 11 novembre nous en disent plus sur l’état actuel de l’opinion à propos de la guerre que sur celle ci.
Un reportage fascinant montre à la fois un retour inattendu d’attention envers les soldats britanniques morts dans la première guerre mondiale et une transformation de la mémoire et du massacre en spectacle.

Il montre aussi l’état d’une opinion anglaise bien moins prévenue contre une affirmation nationale trop visible. Jean Baptiste Noé montre bien le destin divergent des fleurs du souvenir anglaises et françaises. Le Bleuet français est très discret alors que coquelicot anglais est facilement porté à la boutonnière.
poppies tower london coquelicots tour londresL’impression étrange que font les douves de la Tour de Londres nous rappelle aussi que la passion contemporaine pour la mémoire est souvent traversée par une fascination pour le mal et la destruction dans nos société contemporaines.
tumblr_m0slf4CWik1ro5ugxo1_500Malgré la différence d’idées, le sang qui envahit l’image peut nous rappeler la fontaine du sang des « martyrs » de la guerre Iran-Irak. La différence d’idéal entre les combattants européens de la première guerre mondiale et ceux qui ont combattu pour la république islamique n’efface pas tout à fait l’impression d’une parenté dans la fascination morbide pour le sang versé.
Sources photo 1 et 2

 

Enjeux historiques, culturels et religieux du soutien aux minorités irakiennes

Extraits de deux articles de Vincent Badré publiés dans la presse :

Libération : Pourquoi intervenir en Irak ? 
[Contre le déracinement du monde]

Pourquoi se soucier du sort des Yézidis, des Shabaks, des Mandéens et des chrétiens Chaldéens et Syriaques ? C’est une manière de résister concrètement à la tentation du «choc des civilisations». L’Etat islamique détruit le «tombeau de Jonas». Il s’attaque aux monuments et aux groupes culturels et religieux qui témoignent de la complexité de l’histoire de l’Irak. En prétendant revenir à la pureté des origines de l’islam, il participe à la construction d’un monde contemporain totalement coupé de ses racines historiques.
[Retrouver des sources d’idées et la parenté des cultures]
Est-ce pourtant si grave de voir brûler des vieux manuscrits et disparaître quelques très vieilles religions ? C’est la destruction de réserves de poésie et d’inventivité humaine, c’est aussi la disparition des traces de notre parenté culturelle avec le monde arabe. Notre époque est tentée de ne voir que ce qui nous sépare du monde musulman, en oubliant qu’il s’est aussi nourri de sources souvent communes tout en les transformant autrement. Le philosophe grec Aristote a été traduit et lu avec passion sur les rives du Tigre et de l’Euphrate avant de parvenir sur celles de la Seine. Retrouver des chemins de rencontre peut passer par la conscience de cette parenté culturelle. Les cultures peuvent aussi se rencontrer dans la redécouverte de leurs racines, à condition qu’elles n’aient pas été coupées.
[Des racines vivantes]
Parmi les leçons de vie, de joie et d’hospitalité que j’ai reçues en Irak, je retiendrai aussi le témoignage d’un rapport joyeux et décontracté entre les racines historiques. Nous étions devant la porte fermée du tombeau de Saint Behnam, près de Qaraqosh ; l’un des prêtres présents reprend en rigolant un chant sacré où Saint Pierre avoue qu’il a perdu les clefs du paradis, et un autre sort son portable pour qu’on aille chercher la clef. Cet épisode montre un patrimoine qui n’est pas un objet mort oublié dans un musée, mais qui reste une école d’humanité.

La Croix : Enjeux du soutien aux Chrétiens d’Orient :
Les souffrances des Irakiens sont une occasion de ne pas opposer les solidarités. Elles font se retrouver des gens qui viennent d’horizons politiques et spirituels différents, qu’il s’agisse de ceux qui se soucient des chrétiens, de l’indépendance des Kurdes ou des minorités oubliées et isolées comme les Yézidis, les Chabaks ou les Mandéens, mais aussi de ceux qui pensent aux souffrances des Irakiens sunnites et chiites. [ …]
La culture des chrétiens d’Orient peut aussi nous donner des exemples de vie avec un patrimoine et des traditions vivantes. Ils peuvent recouvrir de très anciens monastères de marbres neufs et se passionner pour la finesse psychologique des manuscrits anciens.
[Liturgie entre beauté ancienne et moderne]
Ils pouvaient aussi faire alterner dans une messe au village de Bartella des chantres traditionnels, enfants et pères de famille réunis autour de leurs lutrins, et une chorale moderne entonnant un chant de sortie sur l’air de « Ce n’est qu’un au revoir mes frères ».
[Charité]
En rencontrant les chrétiens d’Orient on découvre aussi de fragiles floraisons de la grâce et de l’espérance. Les missions humanitaires de l’association Fraternité en Irak nous ont permis de découvrir les projets d’aide et de prière de Sœur Amira, une énorme fête autour d’une association de handicapés, des « moines dans la ville » ou de beaux mariages. [ …]

La voix est libre / Radio Notre Dame : Existe t’il toujours une histoire de France ?

Mardi 26 novembre 2013.
« Existe t’il une seule histoire de France? »
Emission d’Alexandre Meyer, « La voix est libre » sur Radio Notre Dame : Jean Sévillia et Vincent Badré.
Ecouter l’émission
Thèmes et textes évoqués :

L’histoire passionnée de la France, par Jean Sévillia.

Nécessité d’un regard pluraliste sur les personnages historiques.
« Sortir de l’unilatéralisme peut être un moyen de guérir la mémoire nationale en assumant la diversité des faits [et des régions] qui la composent. Montrer que Jeanne d’Arc n’a pas seulement été une personne qui a augmenté le rôle de l’État en France, une sainte ou une fille du peuple, mais un peu de tout cela, dans des proportions difficiles à mesurer. »
Vincent Badré, dans la revue Le Débat. 

(Jeanne d’Arc, figure « de gauche », une femme du peuple victime des puissants).

Peut on retrouver des personnages « modèles »?
Dans une histoire qui n’oublie pas les actions des hommes, des saints et des saintes ou des justes, des héros et des hommes ordinaires, il est possible d’alimenter une réflexion morale sans tomber dans le moralisme.
Sans forcément approuver les choix des hommes du passé, on peut les découvrir dans leurs particularités et dans leurs aspirations.

L’ébéniste Brousse, un communard :
« Ouvrier menuisier ébéniste à l’âge de 18 ans, je quittais mes foyers pour faire mon tour de France, travaillant le jour, étudiant la nuit : l’histoire, voyages, philosophie, économie sociale et politique, …. Arrivé à Paris en 1864, je m’établis deux ans après ébéniste réparateur 2, rue Joquelet, J’occupais 1 à 3 ouvriers, je les payais 50 c. par jour plus cher que le prix officiel et je leur faisais la propagande par-dessus le marché. J’ai pratiqué l’association tant que j’ai pu. » Source : Cliotexte.

Blaise Cendrars, suisse et engagé volontaire dans la première guerre mondiale:
Des étrangers amis de la France, qui pendant leur séjour en France, ont appris à l’aimer et à la chérir comme une seconde, patrie, sentent, le besoin impérieux de lui offrir leurs bras.
Intellectuels, étudiants, ouvriers, hommes valides de toutes sortes – nés ailleurs, domiciliés ici – nous qui avons trouvé en France la nourriture de notre esprit ou la nourriture matérielle, groupons-nous en un faisceau solide de volontés mises au service de la plus grande France.
Source : Appel aux étrangers vivant en France.

L’histoire au Journal de 20 heures sur France 2 : Débat sur la disparition de la chronologie.

Reportage : « Depuis plusieurs années, une approche thématique est privilégiée. Plusieurs grands noms de l’Histoire française demandent aujourd’hui un retour à la chronologie. Pour eux, les élèves manquent de repères. … Jusque dans les années 90, l’enseignement de l’histoire était chronologique. A gauche, un manuel de 1994, à droite, un manuel de 2012. Dans le premier, les chapitres s’enchaînent chronologiquement. On y étudie la guerre de 14-18 puis la révolution russe de 1917 et enfin la crise de 1929. Dix ans plus tard, le contenu est chapitré par grands thèmes. La crise de 29 est ainsi traitée avant la guerre de 1914-18 et avant la révolution russe de 1917.

Pour certains profs d’histoire, le risque est de perdre en compréhension. (Hubert Tison de l’APHG) Exemple avec la Seconde Guerre mondiale. Ça commence par les grandes phases, mais les raisons ? On n’en sait rien. Il y a l’expansion de l’Allemagne nazie. Les raisons, vous les trouvez plus tard. On les trouve dans le thème « Les totalitarismes ». Tout est mélangé, il faut emboîter les choses autrement, c’est difficile pour un professeur et les élèves sont perdus.

Mais selon marc Ferro, inutile d’apprendre par cœur une litanie de (nombreuses) dates. L’important est de comprendre l’enchaînement des évènements. Il faut quatre ou cinq points d’ancrage, pas plus. Il y a pour le Moyen Age les invasions, les croisades, Saint-Louis. »

Source et image : Transcription du texte du reportage de France 2 sur le sujet, qui provoque la colère du blogueur prof d’histoire de Rue 89, qui nie le fait que bien des manuels adoptent une approche thématique de la succession des chapitres, mais aussi à l’intérieur des chapitres et de l’enracinement des dates et des personnages dans le déroulement du cours.