Histoire Fabriquée? Israël Palestine La balance des larmes

L’évocation des conflits les plus brûlants est toujours délicate pour les manuels d’histoire et pour les professeurs. Tous les aspects de ces conflits sont chargés d’émotions souvent contradictoires et les images à forte charge émotionnelle sont très pratiques à utiliser pour les enseignants.
Le risque est alors de ne pas montrer de manière équilibrée les faits qui nourrissent les passions de ceux qui se combattent. Certains manuels ne présentent ainsi que la joie des Israéliens lors de la proclamation de leur Etat en 1948,

quand d’autres manuels ne montrent pour la même date que les femmes et les enfants Palestiniens fuyant leurs villages.

D’autres manuels montrent les émotions des deux parties.
Les meilleurs manuels savent aussi faire comprendre ce que les combattants ont en mémoire.
Un manuel fait aussi réfléchir les élèves à propos des accords d’Oslo. Il ne se contente pas de présenter ces accords de paix comme un pacte idéal détruit par des extrémistes, mais donne aussi la parole à Elie Barnavi et Elias Sanbar qui pensent que l’échec du processus de paix qu’ils ont engagé vient du fait qu’ils ont été mal pensés.
Plus de détails dans « L’histoire fabriquée? » pp 179-182
Images (Robert Capa 2001 by Cornell Capa/Magnum photos et Bettmann / Corbis)

L’histoire fabriquée? sur Internet

Fnac / passage du livre. « Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ? » « Il s’agirait d’un contrepoint ou d’une polyphonie. »
Amazon / passion du livre.
Guerres et conflits « Ce livre fait, à notre sens, absolument partie de ceux qu’il faut lire sur la question. » « Une véritable analyse de ce que nos enfants apprennent, … et n’apprennent pas. »
Les Observateurs.ch « Vincent Badré est le premier à être allé chercher les preuves de ce que tout le monde ressent. »
Aggiornamento.hypotheses.org : « Vague brun sur l’histoire de France » des « contrevérités » à propos des manuels d’histoire. Le site persiste et signe, après l’avoir lu, qui ne critique plus l’analyse des manuels menée par « L’histoire fabriquée ? », mais les journalistes qui en ont parlé restent des « irresponsables », et « au fond à droite »  « un livre qui fait mal ».
Réponse Il s’agit d’une « critique fabriquée » avec des citations déformées et des réfutations erronées.

L’histoire fabriquée? Les observateurs.ch

« Vincent Badré est le premier à être allé chercher les preuves de ce que tout le monde ressent. »
Interview audio
« Loin de toute polémique, le message de l’Histoire fabriquée est avant tout de revenir, au-delà des sollicitations idéologiques, à l’histoire des faits, à la science des preuves, et donc, en fin de compte, à la raison.
Ce que Vincent Badré dénonce avant tout, ce sont les lacunes volontaires de l’histoire officielle, qui, comme autant de tâches aveugles sur des éléments critiques essentiels du passé, finiront par fonctionner comme des oeillères sur les mentalités. »

L’histoire fabriquée? L’homme nouveau 15 septembre 2012

« Une étude percutante » pour savoir comment « Les élèves deviennent les rois de la paraphrase ».

Homme nouveau histoire fabriquée

Un essai percutant

Quelles conséquences éducatives cette méthode d’enseignement a-t-elle sur les élèves ?

»Cette méthode forme des jeunes qui manquent d’esprit critique. Car les manuels leur demandent d’extraire des informations des documents, à la manière du scientifique, sans qu’ils aient les connaissances pour le faire. Le problème est qu’il n’y a pas de remise en question de l’adéquation des textes choisis à la réalité. On leur demandera de dire que les communistes ont affirmé être le parti des fusillés, et rarement si cette affirmation était vraie. On donne à ‘élève les moyens d’aller à la source, on ne lui donne pas les moyens de vérifier cette source. N’ayant plus de recul face aux informations, les élèves deviennent alors les rois de la paraphrase. Plus tard, ils auront du mal à ne pas prendre au pied de la lettre les affirmations des politiques et des médias.

L’histoire fabriquée? site Guerre et conflits

Guerres et conflits « Ce livre fait, à notre sens, absolument partie de ceux qu’il faut lire sur la question. » « Une véritable analyse de ce que nos enfants apprennent, … et n’apprennent pas. ».
Ce blog fait un résumé du chapitre sur les soldats de la Grande guerre et conclut ainsi :

« Il met … en relief une orientation générale politique et culturelle (citant l’auteur des manuels chez Belin : « Les manuels diffusent les valeurs que les programmes drainent : ils sont prorépublicains, proeuropéens, pour l’équilibre social et la diversité culturelle »). [et conclut] qu’il s’agit de « manuels souvent peu ouverts au pluralisme et à l’esprit critique », qu’ils sont « un révélateur de notre âge du renoncement » et qu’ils privilégient « angélisme et dévalorisation de l’action ». Ils traduisent le « déracinement et [le] refus des héritages culturels européens » et favorisent le « progressisme comme école du consentement à ce qui existe ».
Sa conclusion n’est … pas manichéenne : « Nous avons finalement trouvé dans les livres d’histoire d’aujourd’hui une proportion, encore trop faible, mais réelle, de documents qui donnent une vue plus libre, plus large et plus ouverte à la variété de l’histoire humaine ». »

L’histoire fabriquée? un livre iconoclaste, mais de quelle image de l’histoire?

Le Figaro a mis en « une » l’image brisée de Vercingétorix, Bonaparte, Henri IV et Clémenceau, accompagnée du titre « Qui veut casser l’histoire de France? ». Ces figures anciennes de l’histoire de France sont en effet remises en cause ou en grande partie écartées de l’enseignement actuel au nom de la lutte contre un « roman national » qui paraît « insupportable » à certains. De mon point de vue, il n’est pas inutile de poser des questions critiques au modèle d’histoire de France transmis par l’école de la IIIe République; mais sans tomber non plus dans un roman inverse qui mettrait en place des icônes accusatrices à la place de l’image trop lisse des « gloires de la France » : Bécassine, seule engagée volontaire de la guerre de 14-18, les mains coupées comme symbole de la réalité de la colonisation, l’eurosceptique solitaire et déséquilibré, la large gueule de l’enfer engloutissant les âmes au Moyen Age.

Le renouveau de l’enseignement de l’histoire passe par une ouverture au pluralisme des recherches et des approches. Il faut pouvoir s’appuyer sur des recherches sérieuses venues d’horizons divers et montrer la complexité et les nuances du passé. Certaines parties des manuels actuels montrent qu’il est possible d’éviter une histoire qui ne verrait que des touches noires ou que des touches blanches dans le passé.
Images, Figaro Magazine, 24 août 2012; Montage personnel, (dans le sens des aiguilles d’une montre :

Une critique fabriquée

« L’histoire fabriquée ? » est un livre qui fait partie d’une « vague brune », selon une expression « particulièrement bien choisie ». C’est un livre dont les « erreurs de papier peuvent aussi faire mal ». Il est « terriblement ennuyeux » et son auteur est un mauvais élève, qu’il faut reléguer « au fond, à droite », contre le mur. C’est un livre qu’il faut censurer par le silence, et les journalistes qui en ont déjà trop parlé sont des « irresponsables.
Un éloge indirect.  Les auteurs du site Aggiornamento Histoire geo, repris par le site du CVUH et par Médiapart ont commencé par critiquer le livre sans l’avoir lu, en parlant de « contre-vérités » à propos des manuels d’histoire.
Le compte rendu de lecture de « L’histoire fabriquée ? » publié par le site Aggiornamento Histoire géo est bien plus prudent et ne contient plus aucune critique de mon analyse des manuels scolaires actuels.
Des erreurs fabriquées.
La critique s’est reportée sur les contrepoints historiques apportés par « L’histoire fabriquée ? »
L’auteur du compte rendu de mon livre, Benoît Kermoal a trouvé « une erreur qui détruit à elle seule tout l’argumentaire de ce mauvais livre ». Le seul problème de son analyse est qu’elle se fonde sur une déformation du texte du livre qu’il critique. Cela permet d’y trouver une contradiction apparente et de dire que le livre « fait mal » en méconnaissant les souffrances arméniennes.
La seule autre erreur expliquée par sa critique concerne les 16% de députés socialistes qui ont collaboré avec l’Allemagne pendant la guerre de 39-45. Benoit Kermoal dit qu’il s’agit seulement de ceux qui ont voté les pleins pouvoirs à Pétain, et ignore manifestement que les députés socialistes SFIO de 1940 qui ont voté ces pleins pouvoirs étaient bien plus nombreux, avec 56% du total.
Un procès politique ?
Selon les auteurs du site Aggiornamento, il n’y aurait pas  d’historiens de droite ou de gauche et eux-mêmes ne seraient pas de gauche, cependant j’aurais le tort de citer des historiens « réactionnaires ».
Le choix du pluralisme.
Ma naïveté a sans doute été de ne pas lire que des historiens qui flatteraient ma propre sensibilité. Il s’agit du choix de rechercher les travaux historiques les plus utiles, d’où qu’ils viennent. Avoir sa sensibilité  ou ses préférences ne devrait pas empêcher de lire et de chercher une meilleure compréhension des faits historiques.
Le débat n’est pas terminé.
Benoît Kermoal reproche aussi à « l’Histoire fabriquée ? » de ne pas aborder toutes les questions et de ne pas faire référence à toute la bibliographie disponible. De nombreux éléments de l’enseignement actuel ne posent pas de problème, et bien d’autres pourraient être analysés suivant la méthode adoptée par « L’histoire fabriquée ? ». Le travail de réflexion sur l’histoire enseignée continue.  
Version longue de cet article >>>

Histoire fabriquée sur France Info 12/14 de Bernard Thomasson

Il était question de « l’Histoire fabriquée? » dans le 12/14 de France Info ce midi :

http://bernardthomasson.com/2012/09/06/lhistoire-enseignee-est-elle-manipulee/ 

La suppression de la matière “histoire” en terminale scientifique avait déjà provoqué un tollé (Vincent Peillon a promis de la remettre au programme). Mais la façon même d’enseigner  l’histoire suscite un débat, certains allant même jusqu’à parler de manipulation. Deux professeurs d’histoire, et écrivains, étaient invités du 12-14 : Vincent Badré pour “L’histoire fabriquée” aux éditions du Rocher, et Dimitri Casali, pour”L’histoire de France interdite” chez Jean-Claude Lattès.

Ecouter la séquence ici

Réponse personnelle : L’histoire transmise par les nouveaux manuels n’est pas directement manipulée. C’est surtout une histoire assez désabusée, qui ne montre pas assez que ce que des personnes et des groupes ont pu faire pour changer l’histoire.
C’est aussi une histoire souvent déséquilibrée, déformée et mise au goût du jour. Certaines parties de l’histoire sont noircies ou présentées trop vite et d’autres sont présentées de manière uniqument favorable.

Les manuels sont comme un piano qui offirrait surtout des touches noires à propos du Moyen Age et presque uniquement des touches blanches sur certains autres sujets.
Image.

Oubli du « roman national » et oubli de l’histoire des régions

Les nouveaux manuels d’histoire suivent souvent ceux qui critiquent le « roman national » qu’auraient raconté les instituteurs de la IIIe République. Ils réduisent la place des grands personnages et soulignent souvent les violences commises par les français, en particulier dans les colonies.

Cependant ces manuels restent marqués par la logique centralisatrice de l’école de nos grands pères sur un point. Ils ne soulignent jamais les particularités de l’histoire de telle ou telle région.

Le nouveau programme de seconde demande par exemple de parler de la « chrétienté médiévale », et les manuels n’en profitent pas pour souligner que la « Paix de Dieu » a été principalement soutenue par des évêques aquitains, autour de Poitiers et de Limoges.

Ces manuels ne soulignent pas non plus que c’est cette même région d’Aquitaine qui a abrité la naissance de la culture courtoise, avec des troubadours tels que Bernart de Ventadour.

Plus de détails au sujet des troubadours et d’Aliénor d’Aquitaine dans « L’histoire fabriquée?« , pp 63-64  Image Wikipédia.

Histoire fabriquée France Inter La marche de l’histoire 02 09 2012

Il a été un peu question de L’histoire fabriquée? au cours de l’émission La Marche de l’histoire sur France Inter consacrée ce dimanche aux nouveaux programmes d’histoire de 3e et de Terminale.

Jean Lebrun : « Je voudrais vous recommander, d’abord parce qu’il critique souvent Belin, un livre de Vincent Badré, qui vient de paraître aux Editions du Rocher. Et c’est un point de vue qui n’est pas tellement éloigné de celui du Figaro qui est exprimé par ce professeur de banlieue, mais c’est très bien documenté, très bien argumenté, c’est vraiment intéressant.

Alors il dit que, quand ils parlent de la Guerre froide, les manuels, par exemple le vôtre ne s’intéressent pas suffisamment à la nature des deux camps qui s’opposent et insistent trop sur la « menace nucléaire », parce que ça on comprend ce que ça veut dire après Fukushima. Il y a même un manuel Belin qui a osé mettre face à face une photo en couleurs à gauche, la place rouge, rouge de drapeaux et puis à droite une supérette, avec des rayons blafards et vides, ça c’est les Etats-Unis. »

Daniel Colon : « Alors, sauf votre respect, il fait référence à l’ancienne collection Belin, ce n’est pas la version que j’ai l’honneur de diriger. »

Commentaires :
Mon but n’est pas de critiquer tel ou tel éditeur, mais de décrire ce que disent la majorité des manuels, de souligner ce qui peut poser problème, mais aussi de montrer comment certains manuels apportent une vision plus large et plus nuancée des questions historiques.

Dans le cas de la question de la Guerre froide abordée par Jean Lebrun, le manuel actuel des éditions Belin ne me semble pas critiquable. Il me semble bien montrer que ce conflit n’est pas uniquement un temps de peur d’une guerre nucléaire, mais aussi l’affrontement de deux modèles de société.
Daniel Colon, celui qui a dirigé ce manuel a raison de souligner que c’est l’ancien manuel Belin de 2008 qui mettait en vis à vis une photo du monde communiste en couleurs et une photo du monde libéral en noir et blanc.
Par ailleurs la catastrophe de Fukushima a eu lieu en mars 2011 quand les actuels manuels de première publiés en 2011 étaient déjà pratiquement rédigés.
Pour ce qui est du point de vue général de mon livre, il ne rejoint que certains aspects de l’article du Figaro Magazine dont parle Jean Lebrun.
Image (Belin, 2008, Place rouge (Ria/Novosti) Supermarché (Corbis/bettmann))

Peut on parler du génocide des juifs sans parler des « Justes »?

Une étude internationale menée par l’UNESCO se penche sur l’enseignement de l’holocauste. Elle présente la manière dont les différents pays enseignent la tentative d’extermination des Juifs menée par les nationaux socialistes pendant la seconde guerre mondiale.
En travaillant sur la manière dont les nouveaux manuels de première français en parlent, j’ai eu la grande surprise de constater qu’ils accordaient très peu de place aux « Justes ».
Quatre manuels sur huit ne disent pratiquement rien sur ceux qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs menacés par les nazis et seul un manuel leur consacre deux pages.
Comment comprendre cette omission ? Il peut s’agir d’une vision restrictive du programme ou de l’influence d’un certain fatalisme. En effet, notre époque désabusée sur les vertus de l’engagement n’a pas spontanément le réflexe de mettre en valeur ceux qui se battent pour lutter contre le mal.

Plus de détails à ce sujet dans « L’histoire fabriquée? » pp 175-176

Précisions à propos d’un article du Figaro Magazine

Ce journal a publié un article sur l’état actuel de l’enseignement de l’histoire qui a donné lieu à une polémique sur certains sites internet. Cet article fait une présentation de L’histoire fabriquée? en reproduisant certains des titres de chapitres de ce livre.

Ces titres décrivent les affirmations excessives on incomplètes de certains ou de tous les manuels actuellement en usage.

L’un de ces titres a été modifié par le Figaro Magazine. Il écrit en effet “L’Islam progresse en Europe au Moyen Age grâce à sa tolérance.” Le titre présent dans le livre est “L’islam progresse grâce à sa tolérance”. Cette phrase ne s’applique pas à l’Europe, mais aux régions sous domination musulmane aux premiers siècles de l’Islam, de l’Espagne à l’Iran.

Quatre manuels de cinquième sur six affirment en effet que le statut de dhimmi (protégé de l’islam) est une marque de “tolérance” (les références sont dans le livre L’histoire fabriquée?). L’ancien cours de CM1 proposé par le site “académie en ligne” affirmait explicitement que l’islam “doit son succès à sa tolérance”. Ce cours a été modifié depuis.

Que reste-t-il des luttes ouvrières dans les manuels d’histoire ?

Les ouvriers souffrent beaucoup et luttent assez peu. Plus généralement, la vie et l’expérience ouvrière est présentée dans le manuels, mais le plus souvent sur un mode compassionnel. La présence même d’une mémoire ouvrière a tendance à s’effacer des nouveaux livres scolaires.

Dans un chapitre sur le patrimoine parisien, quatre des sept nouveaux manuels de terminale ne citent pas un seul élément à propos de la vie populaire parisienne. Un manuel parle par exemple de la destruction des halles construites par Baltard au XIXe siècle sans évoquer le peuple des « forts des halles » qui y avait longtemps travaillé.

Certains manuels abordent alors le Paris révolutionnaire d’une manière qui n’est pas très éloignée de celle de Lorant Deutsch. On peut par exemple y lire que « les destructions de monuments [sont] une constante des révolutions ». Cela n’est que partiellement vrai, la révolution française a détruit des monuments, mais elle a aussi été l’époque de l’émergence de la notion de patrimoine à préserver.

Les nouveaux programmes de terminale L et ES demandent de parler de l’histoire du mouvement ouvrier allemand, ce qui pourrait permettre de faire réflechir sur le rôle des luttes dans les conquêtes sociales. Les manuels ne profitent pas de cette occasion pour montrer que c’est la menace d’une grève générale votée à plus de 90% par les ouvriers du syndicat unifié de la métallurgie qui a permis d’imposer la loi sur la cogestion des entreprises votée dans l’Allemagne de l’ouest de 1951.

Vous trouverez de plus amples développements sur ces sujets dans L’histoire fabriquée ?
Source de l’image.

Que reste-t-il des héros de la guerre de 1914-1918 dans les manuels d’histoire ?

Dans les huit manuels d’histoire de première publiés en 2011, Bécassine est le seul exemple d’engagement volontaire dans le premier conflit mondial. Les nombreux autres témoignages de soldats qui se trouvent dans ces livres parlent de leurs souffrances, mais pas de leurs raisons de se battre.

Cela rejoint l’analyse d’Hubert Tison, secrétaire général de l’association des professeurs d’histoire-géographie. Il a en effet déclaré à l’AFP que dans les nouveaux manuels de 3e, « les maréchaux Joffre et Foch disparaissent. Le rôle de Pétain pendant la Première Guerre mondiale n’est souligné que chez Belin » ce qui l’amène à se demander comment il sera possible d’expliquer le prestige de Pétain en 1940 sans avoir montré son rôle dans la bataille de Verdun et dans le règlement de la crise des mutineries de 1917 alors que « Les mutineries de la Grande Guerre disparaissent aussi ».

L’histoire fabriquée ? analyse les nouveaux manuels de première et de terminale et ceux-ci vont assez largement dans le même sens. Les héros et les généraux de la Grande guerre sont très peu abordés. On n’y trouve pas des pilotes d’avion audacieux et des engagés volontaires, mais uniquement des soldats souffrants, ce qui conduit à une vision partielle et abstraite de la guerre.

Les manuels présentent Bécassine, un personnage d’illustrés pour enfants, comme seul exemple d’engagement volontaire. Cette domestique bretonne stupide mais pleine de bonne volonté ne comprend rien à rien, mais elle est tout de même engagée comme infirmière.

L’engagement volontaire de 29935 volontaires étrangers dont les écrivains Guillaume Apollinaire et Blaise Cendrars n’est pas cité. On ne trouve pas non plus trace de Jean Corentin Carré ou de Louis Pergaud, l’auteur de la Guerre des boutons.

Cet oubli est il le résultat d’une idéologie pacifiste et anti nationaliste ? C’est sans doute en partie vrai, mais c’est aussi le résultat d’une approche souvent abstraite et dépersonnalisée de l’histoire.

On ne trouve en effet pas non plus tellement de détails sur la petite minorité qui a critiqué cette guerre dès le début, du Pape Benoit XV en novembre 1914 aux participants du congrès de socialistes partisans de la paix dans la ville suisse de Zimmerwald en 1915. On n’y lit pas non plus le récit par l’institutrice Emilie Carles du parcours de quelques anarchistes qui sont rentrés dans la clandestinité pour ne pas participer à la guerre. 

Vous trouverez de plus amples développements sur ces sujets dans L’histoire fabriquée ?
Image

« L’histoire fabriquée? » Un livre de Vincent Badré aux Editions du Rocher.

Nos souvenirs d’histoire scolaire nous laissent souvent un sentiment d’inachèvement ; comme l’impression qu’il manque une vision claire et juste de l’Histoire de la France et du monde.

Les manuels scolaires témoignent indirectement de ce qui est enseigné. Ils oublient de grands personnages et des récits essentiels, noircissent certaines périodes et masquent les défauts d’autres époques. Devons-nous exercer notre vigilance contre la résurgence d’un « roman national » mis au service de desseins politiques ?
Ou faut-il, au contraire, déplorer la disparition des héros de l’histoire de France remplacés par un enseignement du dénigrement ?

L’histoire fabriquée ? montre comment ces manuels peuvent flatter les sensibilités du moment, en dévalorisant par exemple les identités et l’engagement social ou patriotique. Il s’appuie sur les manuels pour trouver des perspectives historiques plus réalistes et présente de manière accessible et claire les grandes questions historiques.

Cet ouvrage se nourrit des lectures d’un enseignant de terrain, des travaux de recherche et des livres les plus novateurs. Son objectif est de permettre de réfléchir librement aux grands événements historiques, de l’Antiquité à nos jours, en apportant une vision plus ouverte à la diversité des points de vue.