Images en lutte. Culture visuelle d’extrême gauche après mai 68

Quelques images de l’expositions. Images en lutte, sur la culture visuelle de l’extrême gauche pendant et après mai 68.
Images.
Et commentaire.
Images en lutte.

C’est une exposition, et un lieu de transmission.
Il fait mémoire d’une envie d’action, d’un refus de l’insupportable, d’un désir de pavés.

On y trouve la mégalomanie et les fautes d’orthographe de la jeunesse.
On y trouve aussi l’expression d’une révolte symbolique et sa traduction visuelle.
Saisissant l’art comme un besoin vital de tous, les soixantehuitards ont créé un atelier de production graphique d’affiches qui a participé à l’autodestruction de l’antique système de l’école des Beaux-Arts.
On y trouve les affiches bien connues, leurs brouillons et leur continuations. L’expression d’une contestation absolue s’est en effet accompagné d’une auto-destruction de l’image comme vecteur d’une pensée. Elle est passée par quelques tentatives de réalisme socialiste utilisant des photographies mises en scène comme moyen d’exprimer les souffrances ouvrières où la fierté du Vietnam. Elle a abouti cependant à une rapide exténuation de l’image. Les nostalgiques des divertissements légers d’avant mai 68 se détournant de l’art abstrait et conceptuel, celui-ci se réduisant rapidement à une impasse subventionnée.
Si tout finit en chanson, tout peux commencer avec des intellectuels, Lacan Foucault et Althusser comme garantie de ne pas mourir idiot et l’hétérodoxie comme perspective. L’effort de subversion des images a été un apprentissage de ses mécanismes économiques, au point de voir des gauchistes se préoccuper de leurs droits d’auteur.
Images produites par des étudiants qui rêvent de rejoindre les ouvriers et les immigrés vu comme des figures idéales du prolétariat et de la Révolution, les affiches présenter dans cette exposition soutiennent ardemment des grèves et des mobilisations. Elles le font en portant parfois la trace de revendications d’autogestion et d’une plus grande souveraineté de l’individu sur sa vie. On y trouve aussi les racines une révolte contre la contrainte sociale assumée par le Syndicat de la magistrature.
Le corps libre se revendique sans normes par principe et contre la famille par application. La condition féminine étant le nœud de cette révolte contre la famille rigide et triomphante des années 50.
L’image internationale sélectionnée dans cette exposition retrouve la géographie des luttes de l’époque. Elle place à l’arrière-plan le travail inchangé des paysans vietnamiens et dans son viseur le regard d’un insurgé chilien. Elle encense Mao, reprend sa propagande publications françaises avant de laisser place à critique de Simon Leys. Une affiche illustre la contradiction interne d’une révolte née de l’individu et portant l’exaltation d’un totalitarisme. L’association visuelle de la frontière et des rayures, de la limite et du danger annonce les perspectives plus contemporaines une mondialisation sans frontières.