La première révolution industrielle

Concentration du travail du coton dans des usines 1821
Dans les débuts de l’industrie cotonnière, toutes les opérations depuis le traitement initial de la matière première jusqu’à la fabrication de la toile, se faisaient sous le toit de la maison du tisserand. Dans une deuxième période, avec l’amélioration des techniques, le filage s’est fait dans les usines et le tissage s’est fait à domicile À l’heure actuelle, toutes les opérations, qui nécessitent des moyens beaucoup plus vastes et complexes s’effectuent dans un bâtiment unique. Les vastes bâtiments en brique que l’on rencontre au voisinage de toutes les grandes villes industrielles effectuent des travaux dont se chargeaient autrefois des villages entiers, Dans les usines mues par la vapeur, le coton est peigné, bobiné, filé et tissé en étoffe et une seule usine suffit pour sortir la même quantité que produisait autrefois la main-d’oeuvre de toute une région  »
R Gueston, histoire abrégée de l’industrie du coton, 1821

Naissance de la grande industrie métallurgique
H. Taine, philosophe et historien français, voyagea en Angleterre entre 1860 et 1870. Nous visitons les ateliers de Shaw et de Platt, l’un filateur, l’autre constructeur de machines à filer. […]
Quand on entre dans ces ateliers, on reste stupéfait ; c’est un pêle-mêle gigantesque et ordonné, un labyrinthe de roues, d’engrenages, de rubans de cuir roulants, un édifice vivant et agissant, qui, du sol au plafond et d’étage en étage, travaille avec une vitesse vertigineuse, comme un automate infatigable et acharné. Dans un vaste hangar, dix-huit forges flamboient, chacune flanquée de deux petites ; une fourmilière d’ouvriers s’agite dans l’ombre traversée de lueurs ardentes. Chez un autre, Sharp, constructeur de locomotives, sept à huit cents ouvriers font cent locomotives par an, chacune de 75 000 francs. Il faut venir ici pour sentir la puissance de l’eau et du feu ; ce, ne sont que piliers de fonte semblables à des troncs d’arbres, machines à entailler qui font sauter des copeaux de fer, machines à forer qui, dans des plaques de fer épaisses comme le pouce, percent des trous aussi aisément que dans du beurre ; pilons de 500 kilos dont le jeu est si précis qu’ils cassent une noisette sans entamer l’amande ; cisailles monstrueuses, forges colossales. Huit hommes, rangés en file, poussaient dans une de ces gueules de feu un arbre de fer rougi, gros comme le corps. Mais l’homme, ici, est un insecte ; l’armée des machines prend toute l’attention.
H. TAINE, Notes sur l’Angleterre, 1874.


La Grande Bretagne, atelier d’un monde largement ouvert aux échanges de marchandises
Actuellement, les cinq parties du monde sont nos tributaires volontaires… Les plaines de l’Amérique du Nord et de Russie, voilà nos champs de blé ; Chicago, Odessa sont nos greniers ; le Canada, les pays baltiques nos forêts. L’Australasie contient nos stations de moutons, l’Amérique du Sud nos troupeaux de boeufs ; le Pérou nous expédie son argent,
la Californie et l’Australie leur or. Les Chinois cultivent du thé pour nous, et des Indes occidentales et orientales affluent notre café, notre sucre, nos épices.
La France et l’Espagne sont nos vignobles,
la Méditerranée notre verger ; notre coton, que nous tirions auparavant des États-Unis, nous vient maintenant de toutes les régions chaudes du monde
S. Jevons, The Coal Question, 1866

Diffusion des progrès techniques des filatures de Grande Bretagne et de Paris à l’Alsace
Demandes de renseignements à un fils de famille en voyage de formation en Angleterre: une promotion par la technique
« Pour profiter du peu de papier qui me reste, je me bornerai à t’engager, pour profiter du reste du temps que tu .dois encore passer en Angleterre, de te mettre le plus que possible au courant de la manutention de la filature, Ainsi, pour ce qui concerne la filature, il faut que tu t’informes
1°) de la charge que supporte chaque machine de préparation, soit dit pour le coton.
2°) la quantité et la sorte de déchets que l’on mélange au coton neuf pour faire les numéros ordinaires.
… J’oublie l’organisation dans sa filière la plus souple et la plus directe, tel que le passage de main en main et de machine à machine, pour éviter de se bousculer inutilement et pour éviter les frais, car tu sais que chez nous, on se remue beaucoup et on fait peu.
Quand tu passeras à Paris, va voir l’établissement de M Chenot, métallurgiste à Clichy. D’après un article du Génie industriel, tome 10, ce monsieur aurait trouvé le moyen de convertir directement le minerai de fer en éponge métallique que l’on comprime et qui doit donner du fer. Tâche de voir le procédé qu’il emploie et demande lui s’il vend son brevet et combien il en demande.
Maintenant, en fait de commissions, tu pourrais m’apporter encore quelques paires de gants de chevreau, gants de couleur, j’en ai encore des blancs
Archives privées
Sources d’énergie locales et révolution des transports, facteur de développement du textile vosgien
Les facteurs de développement: la révolution des transports: Célébration du centenaire de la filature flageollet
Jean-Baptiste Flageollet, dont je m’honore d’être l’arrière-petit-fils, était cet homme. En cette fameuse année 1830 il acquit le moulin de Zainvillers pour y utiliser la faible force motrice aménagée à l’entraînement de quelques métiers à tisser. […] Les principaux agrandissements et aménagements datent de 1836. Six ans après la fondation : construction de la filature. Puis : 1841, 1844, 1851 et 1855. Ai-je besoin de souligner la rapidité de la pro-gression. A noter qu’à côté de la filature et du tissage, l’usine comportait un atelier de construction de machines textiles. Ceci porte à croire que l’usine fabriquait probablement elle-même ses métiers. Or, à cette époque, et beaucoup d’entre vous l’ont encore entendu raconter, on allait chercher le coton au Havre, le charbon au moins à Épinal et les huiles de graissage à Marseille ; on voiturait les tissus à Wesserling ou à Mulhouse par les cols. Les chemins de fer ? Non seulement la ligne de
la Moselotte n’existait pas, mais même celle d’Épinal à Remiremont n’était pas construite. De 1850 à juillet 1851, Jean-Baptiste Flageollet fit construire le fameux canal qui est encore le canal d’amenée actuel. Il aboutissait, ce canal, à la fameuse grande roue hydraulique que la plupart d’entre vous ont connue ….
Extraits du discours prononcé par Jacques ZELLER le 4 octobre 1930, cité dans L’Industriel vosgien du 28 octobre 1930.

Une affaire de sens de l’économie et de l’épargne : Benjamin Franklin
Rappelle-toi que le temps, c’est de l’argent : celui qui Pourrait en un jour gagner dix shillings et qui pendant la moitié du jour se promène ou paresse dans sa chambre, quand il n’aurait dépensé que six pences pour son plaisir, doit compter qu’en outre il a dépensé ou plutôt jeté cinq shillings à l’eau. Rappelle-toi que la puissance génitale et la fécondité appartiennent à l’argent, et les rejetons peuvent engendrer à leur tour et ainsi de suite. Cinq shillings se changent en six puis en sept shillings trois pence et ainsi de suite jusqu’à devenir une livre sterling… Celui qui tue une trie anéantit sa descendance jusqu’à un millier. Celui qui tue une pièce de cinq shillings assassine tout ce qu’elle aurait pu produire : dix colonies entières de livres sterlings.
Benjamin Franklin 1706-1790
Les Mots de l’histoire

Les sociétés par actions nécessaires pour mener de grandes projets industriels et créer des grandes entreprises
C’est comme pour les sociétés anonymes [sociétés par actions], a-t-on assez crié contre elles, a-t-on assez répété qu’elles étaient des tripots et des coupe-gorge ! La vérité est que, sans elles, nous n’aurions ni les chemins de fer ni aucune des énormes entreprises modernes qui ont renouvelé le monde ; car pas une fortune n’aurait suffi à les mener à bien, de même que pas un individu, ni même un groupe d’individus, n’aurait voulu en courir les risques. … Les risques courus sont volontaires, répartis sur un nombre infini de personnes, inégaux et limités selon la fortune et l’audace de chacun.
Émile Zola, L’Argent, 1891.