Place du travail, de l’art et de la création dans l’identité européenne

Règle de Saint Benoît : ora et labora

« S’il est possible, le monastère sera construit de telle façon que tout le nécessaire, à savoir l’eau, le moulin, le jardin, soit à l’intérieur du monastère et que s’y exercent les différents métiers. … Si les conditions du lieu ou la pauvreté exigent que les moines s’occupent par eux-mêmes des récoltes, qu’ils ne s’attristent pas. Car c’est alors qu’ils sont vraiment moines, quand ils vivent du travail de leurs mains, comme nos pères et les apôtres. …

Comme dit le prophète : sept fois le jour j’ai dit ta louange. Nous satisferons à ce nombre sacré de sept, si à laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies l , nous accomplissons les obligations de notre service.

Offrons donc des louanges à notre créateur à ces heures-là, et, la nuit, levons-nous pour le célébrer. …

L’oisiveté  » est l’ennemie de l’âme. Les frères doivent donc consacrer certaines heures au travail des mains et d’autres à la lecture des choses divines.

De Pâques jusqu’aux calendes d’octobre, les frères sortiront dès le matin pour s’employer aux travaux nécessaires, depuis la première heure du jour jusqu’à la quatrième. Depuis la quatrième jusque vers la sixième, ils s’adonneront à la lecture. Après la sixième heure, leur dîner fini, ils se reposeront sur leur lit dans un parfait silence. »

La Règle de saint Benoît (VIe siècle).

L’homme est naturellement paresseux

Il est inconcevable à quel point l’homme est naturellement paresseux. On dirait qu’il ne vit que pour dormir, végéter, rester immobile ; à peine peut-il se résoudre à se donner les mouvements nécessaires pour s’empêcher de mourir de faim. Rien ne maintient tant les sauvages dans l’amour de leur état que cette délicieuse indolence. Les passions qui rendent l’homme inquiet, prévoyant, actif, ne naissent que dans la société. Ne rien faire est la première et la plus forte passion de l’homme après celle de se conserver. Si l’on y regardait bien, l’on verrait que, même parmi nous, c’est pour parvenir au repos que chacun travaille : c’est encore la paresse qui nous rend laborieux.

ROUSSEAU Essai sur l’origine des langues chap. IX, note 17

Le « saint simonisme » Supériorité du travail et de la technique sur la politique

« Supposons que la France perdre ses cinquante premiers physiciens, poètes, ingénieurs, banqieurs, cultivateurs, mineurs, menuisiers … elle tomberait immédiatement dans un état d’infériorité vis à vis des nations dont elle est aujourdh’ui la rivale […] Qu’elle perde en même temps tous els grands officiers de la couronne … il n’en résulterait aucun mal politique pour l’Etat

Comte de saint Simon, L’organisateur 1819

L’invention du visage

« Je raconte aux étudiants qu’un des plaisirs favoris des Parisiens consiste a s’asseoir a une terrasse de café et a regarder les gens passer. Ça les amusé beaucoup. Ils ne comprennent pas que la foule puisse susciter une rêverie quelconque, dans la mesure ou elle représente pour eux qui la subissent si souvent une source d’ennui et de désagrément. Il y a peut-être ici une différence culturelle majeure. En occident, le visage de l’autre représente un mystère fascinant, sans doute parce qu’a l’origine ce mystère repose sur la conception judéo­chrétienne d’un homme crée a l’image de Dieu. C’est la raison pour laquelle l’art du portrait, la photographie, le cinéma se sont développés en occident, et non dans les civilisations orientales. Ainsi en regardant les gens, il peut nous arriver de songer parfois a l’étrange et singulière destinée de chaque personne. Combien d’écrivains ont médite sur cc thème ? de Georges Perce qui, justement, était reste une journée entière a la terrasse d’un café pour décrire ce qu’il voyait autour de lui ; a Balzac, bien entendu, dans son fameux prologue de La fille aux yeux d’or; jusqu’aux personnages de Simenon et a L’homme des fouler d’Edgar Allan Poe. le songe également a ce curieux filin de Christopher Nolan, Following, qui raconte l’histoire d’un homme dont la distraction consisté a suivre des inconnus dans la foule. »

Un professeur français en Chine