Controverses

Réponse aux points de vue critiques exprimés sur le (seul) site Aggiornamento histoire géo.
Edit :
Voir aussi la réponse de Benoit Kermoal à propos des arguments développés dans cette page à propos de son compte rendu de « L’histoire fabriquée? ».
« L’histoire fabriquée ? » est un livre qui fait partie d’une « vague brune », selon une expression « particulièrement bien choisie ». C’est un livre dont les « erreurs de papier peuvent aussi faire mal ». Il est « terriblement ennuyeux » et son auteur est un mauvais élève, qu’il faut reléguer « au fond, à droite », contre le mur. C’est un livre qu’il faut censurer par le silence, et les journalistes qui en ont déjà trop parlé sont des « irresponsables.
Un éloge indirect.
Les auteurs du site Aggiornamento Histoire geo, repris par le site du CVUH et par Médiapart ont commencé par critiquer le livre sans l’avoir lu, en parlant de « contre-vérités » à propos des manuels d’histoire.
Le compte rendu de lecture de « L’histoire fabriquée ? » publié par le site Aggiornamento Histoire géo est bien plus prudent et ne contient plus aucune critique de mon analyse des manuels scolaires actuels.
Des erreurs fabriquées.
La critique s’est reportée sur les contrepoints historiques apportés par « L’histoire fabriquée ? »
Arménie.
L’auteur du compte rendu de mon livre, Benoît Kermoal a trouvé « une erreur qui détruit à elle seule tout l’argumentaire de ce mauvais livre ». Il cite un passage, peut être trop synthétique, de « L’histoire fabriquée ? » qui affirme que les massacres d’Arméniens sont le fait « des Jeunes-Turcs laïcs, scientistes et antichrétiens, tout autant qu’antimusulmans » (p.150). » Benoît Kermoal cesse ensuite de citer ce livre et écrit : « Lui-même affirme quelques lignes auparavant que les massacres sont faits par des musulmans pour des motifs religieux ! ».
Nulle trace de cette affirmation dans mon livre. On peut y lire que les Arméniens étaient « soumis à un Etat musulman et régulièrement visés par des massacres » et que « ce génocide a été organisé par le gouvernement des Jeunes-Turcs ».
Après avoir gravement déformé le texte de « L’histoire fabriquée ? » pour y construire une erreur qui n’existe pas, Benoît Kermoal s’abrite derrière l’autorité du livre de Taner Akçam (Folio Histoire, 2012) Un acte honteux pour prétendre que « Vincent Badré n’y connaît rien au génocide arménien, et que les erreurs de papier peuvent elles aussi faire mal. »
Après avoir lu ce livre je nuancerais sans doute certaines expressions de mon texte mais sans en changer l’idée générale. En effet la lecture de ce livre montre que la « foi dans la science » manifestée par le mouvement Jeune-Turc du Comité Union et progrès (p92) a été associée dans « une synthèse entre « islamisme-turquisme-occidentalisme » qui devint le slogan unioniste officiel » (p88). Benoît Kermoal considère comme incompatible le laïcisme et l’islamisme, ce qui n’était pas le cas chez les Jeunes-Turcs. Les tendances scientistes (p92), darwinistes sociales (p86) et Nietzschéennes (p135) du nationalisme turc y étaient en effet associées dans des proportions variables selon les personnes avec des slogans que « le turquisme est en même temps l’islamisme. » (p130).
Socialistes et collabos.
Autre erreur fabriquée par Benoît Kermoal, il reproche à « L’histoire fabriquée ? » de mentionner « à la page 169 que 16 % de députés SFIO sont exclus à la Libération pour « participation active à la collaboration parisienne », ce qui est inexact car ils l’ont été pour le vote positif en faveur de Philippe Pétain le 10 juillet 1940. Encore une erreur ! »
Ma phrase en question est trop synthétique, cependant si Benoît Kermoal avait été plus précis, il aurait vu que ces 16 % correspondent bien aux députés socialistes ayant participé à la collaboration parisienne. En effet les députés socialistes SFIO qui ont accordé les pleins pouvoirs à Pétain en 1940 ont été bien plus nombreux. Les chiffres donnés par le site de l’Assemblée nationale montrent en effet qu’ils ont été 56 % à voter dans ce sens.
Les autres dénonciations de « graves lacunes dans l’emploi de travaux d’historiens » dénoncées par Benoît Kermoal ne sont pas sérieusement argumentées.
Quelques critiques justifiées
Que reste t’il du « fourmillement d’erreurs » décrit par Laurence de Cock ? L’article de Benoît Kermoal signale à juste titre un certain nombre de regrettables fautes d’orthographe. Son auteur regrette aussi que les références de ce livre ne soient pas présentées de manière assez académique. Mon choix a été de citer les sources qui ont été utilisées. La citation d’une phrase précise de Zeev Sternhell renvoie à l’article de magazine où il présente sa pensée de manière synthétique. La citation des idées développées dans un livre renvoie au livre en question. Quand il s’est agit de citer un document présenté en détail par un auteur sans rejoindre toutes les analyses qu’il en fait, j’ai cité le document d’origine.
Un procès politique ?
Selon les auteurs du site Aggiornamento, il n’y aurait pas  d’historiens de droite ou de gauche et eux-mêmes ne seraient pas de gauche, cependant j’aurais le tort de citer des historiens « réactionnaires ».
Critique illogique d’un engagement politique.
Benoit Kermoal se demande en effet : « y a-t-il forcément une histoire de gauche et une histoire de droite ? » et me reproche de mentionner « très régulièrement les catégories « droite » et «  gauche ». Le faire 21 et 24 fois, sur un millier de références c’est en effet beaucoup.
Citer des historiens de gauche, serait une manipulation
Pour Benoît Kermoal, je fais des « citations éclectiques » c’est un moyen de me « protéger d’accusations partisanes » et les références faites hors de mon « champ de pensée », ne sont qu’un moyen de créer la « fiction d’une objectivité ».
Heureusement que cette critique vient d’auteurs qui refusent d’être considérés comme « de gauche » mais qui écrivent dans des sites qui veulent « Bousculer la nation » dans une « une perspective strictement politique » ou voulaient refuser d’appliquer la loi sur le « rôle positif » de la colonisation.
Citer des historiens de droite serait révélateur.
Il faudrait aussi savoir si mes références sont trop éclectiques ou si « Toutes ses références appartiennent au champ idéologique de la droite réactionnaire. ». En tout cas, citer François Georges Dreyfus, un « mauvais historien réactionnaire comme un exemple à suivre » serait le révélateur de mes propres tendances coupables.
Pour ma part, je pense que quels que soient les réels défauts de ses travaux, l’approche de François Georges Dreyfus apporte des éléments de réflexion intéressants sur les réflexions des résistants ou des collaborateurs pendant la seconde guerre mondiale.
Le choix du pluralisme.
Ma naïveté a sans doute été de ne pas lire que des historiens qui flatteraient ma propre sensibilité. Certains adeptes de la théorie du complot de droite qui voient des « vagues brunes » partout pourront y voir une malveillance. Pour ma part il s’agit du choix de rechercher les travaux historiques les plus utiles, d’où qu’ils viennent. Avoir sa sensibilité  ou ses préférences ne devrait pas empêcher de lire et de chercher une meilleure compréhension des faits historiques.
Des faits qui rétablissent un équilibre. 
La critique des contrepoints historiques de « L’histoire fabriquée ? » valide même la méthode de « L’histoire fabriquée ? » en l’utilisant. Ce livre compare le nombre de documents « favorables » à tel ou tel point de vue dans les manuels et constate de nombreux déséquilibres. Laurence de Cock et Benoît Kermoal trouvent pour leur part qu’il y a trop de références « réactionnaires » dans ce livre. Il y a surtout des références à des travaux qui montrent des faits historiques qui peuvent être lus comme favorables aux courants de pensée défavorisés par les manuels. Il est donc logique d’y trouver des éléments qui peuvent donner des arguments à des communistes, des libéraux, des nationalistes et à des chrétiens.
Le débat n’est pas terminé.
Benoît Kermoal reproche aussi à « l’Histoire fabriquée ? » de ne pas aborder toutes les questions et de ne pas faire référence à toute la bibliographie disponible. De nombreux éléments de l’enseignement actuel ne posent pas de problème, et bien d’autres pourraient être analysés suivant la méthode adoptée par « L’histoire fabriquée ? ». Le travail de réflexion sur l’histoire enseignée continue.