Manuels d’histoire, toujours sans soldats patriotes dans la guerre de 14-18.

La tendance à effacer des manuels ce qui ne convient pas à la mentalité dominante du moment ne change pas. Il n’est toujours pas possible de trouver un seul exemple de « poilu » de 1914-18 qui combatte avec des motivations patriotiques. Il n’y en a pas dans le manuel en ligne lelivrescolaire.fr, ni dans le nouveau manuel Hatier pour les 1e S. Le manuel Hachette pour cette classe reprend deux documents déjà utilisés dans la version précédente.

Le mot patriotisme est présent dans le titre du document, mais le texte ne contient aucune affirmation de patriotisme. L’image, émouvante, qui l’accompagne montre « le poids de la contrainte », un soldat fusillé ; manière de montrer que le soldat ne combat que sous la menace d’être tué s’il ne se bat pas.

Il est pourtant facile de trouver des témoignages des motivations patriotiques ou nationalistes de nombreux combattants. Le poète suisse Blaise Cendrars est souvent cité, y compris dans le même manuel, pour ses témoignages de la vie dans les tranchées, mais jamais pour son appel à l’engagement volontaire des étrangers au service de la France : « Des étrangers amis de la France, qui pendant leur séjour en France, ont appris à l’aimer et à la chérir comme une seconde, patrie, sentent, le besoin impérieux de lui offrir leurs bras. Intellectuels, étudiants, ouvriers, hommes valides de toutes sortes – nés ailleurs, domiciliés ici – nous qui avons trouvé en France la nourriture de notre esprit ou la nourriture matérielle, groupons-nous en un faisceau solide de volontés mises au service de la plus grande France. »

Autre exemple ignoré et qui ne date pas de l’enthousiasme des débuts : Jean-Corentin Carré, jeune breton, trichant sur son trop jeune âge pour s’engager et qui écrivit à son instituteur pour le remercier de lui avoir donné « le sens du devoir ». Il ne nie rien de ses souffrances mais affirme que « La France a besoin de tous ses enfants ; tous doivent se sacrifier pour elle » et qu’il ne pourrait « pas vivre sous le joug d’ennemis qui, à chaque instant, me feraient sentir leur supériorité ». (dossier pédagogique).

Qu’on les admire ou qu’on les réprouve, ces idées ont existé et joué un rôle dans l’issue de la guerre.

Voir aussi :  Guerre et conflits.